C’est sous les auspices d’une cérémonie vodou que nait une carrière politique exceptionnelle dont l’influence dans l’évolution des droits humains attend d’être racontée. Totalement ignoré dans les récits dominants de la période révolutionnaire, Jean-Baptiste Belley est un des auteurs de la première abolition de l’esclavage en France.
Né, selon ses propres déclarations, sur l’Ile de Gorée en 1747 qui est connu comme « esclaverie » au large du Sénégal, vendu avec sa mère, Jean-Baptiste Belley, dont le nom est quasi-inconnu des français, est déporté à trois ans dans la colonie la plus riche d’Amérique au 18e siècle.
St-Domingue, à l’époque « la perle des Antilles » produit neuf plus que la Guadeloupe et la Martinique réunies. Quatre cent mille captifs africains y sont exploités par trente mille colons dont les 40 % sont des bordelais. « L’Eldorado des Aquitains » est la principale destination des navires négriers et commerçants français.
Les camps de concentration que furent les « Habitations » sont soumis à un productivisme et à un extractivisme sans égal. Le sadisme règne avec la bénédiction de la loi des hommes (le code noir de 1685) et de la loi de Dieu. Mais la révolte gronde.
Les révolutions américaines et françaises du 18e siècle oublient les noirs à leur condition, « le sucre serait trop cher si l’on devait payer les esclaves » mais la rumeur parvient aux oreilles des captifs africains d’Haïti. La domination coloniale n’est pas une fatalité et l’arbitraire de la monarchie n’est pas éternelle.
Et, c’est en puisant dans le ferment des traditions religieuses africaines, par une cérémonie vodou, que sonnera le glas du système esclavagiste occidental et marquera le point de départ de la carrière politique de Jean-Baptiste Belley.
En effet, mené par Dutty Boukman, des centaines de captifs africains se réunissent secrètement au Bois-Caïman sur l’habitation de Le Normand de Mézy, au Morne rouge dans la commune de La Plaine du Nord, font serment « koupe tet, boule kay »(couper les têtes, incendier les maisons) » et lancent un soulèvement qui donnera naissance à la première République Noire, à la première République libre d’Amérique et à la première République issue d’une révolte de captifs.
Comme Toussaint Louverture, Jean-Baptiste Belley va émerger à l’issue de cette révolte. Comme beaucoup de captifs africains, obligés par leurs maîtres à prêter main forte aux troupes de Lafayette et à se battre pour la liberté des américains, Belley est affranchi à l’issue de la guerre d’indépendance et vient grossir la nouvelle classe des « libres de couleur ».
Capitaine d’infanterie au moment au moment du soulèvement des captifs du Bois-Caïman, il sera élu député de St-Domingue, le 24 septembre 1793, à côté d’un mulâtre Mills et d’un blanc Dufaÿ.
Le premier Noir à siéger à l’Assemblée constituante française va, après des péripéties qui seront semées par les esclavagistes, participer à la première abolition de l’esclavage du 4 février 1794.
Son mandat terminé, Belley obtient un grade de chef de brigade. Affecté à la gendarmerie de Saint-Domingue, il y retourne pour plusieurs missions à partir de 1798. En France, il exerce encore une présence influente à la Société des Amis des Noirs.
En 1802, quand Napoléon rétablit l’esclavage, il fait destituer, emprisonner et déporter Belley. Le premier député noir finira ses jours en captivité dans le Morbihan, à Belle-Île-en-Mer, en 1805.
EN MÉMOIRE DE JEAN-BAPTISTE BELLEY
Musée National des Châteaux de Versailles
Le Portrait de Jean-Baptiste Belley constitue la première représentation d’un homme noir montré dans la position et le costume d’un législateur politique occidental. L’ancien esclave Belley est en effet le premier député noir à siéger à la Convention.
Ville de Pantin
10 mai 2017, Inauguration d’un nouveau lieu de vie près du canal : place Jean-Baptiste Belley
Assemblée Nationale Française
Sur le site de l’Assemblée nationale, il figure parmi les députés
UNESCO