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ESQUISSE D’UN DIALOGUE POUR DÉCOLONIALISER L’HISTOIRE ESCLAVAGISTE DU CAPC

Suite au plaidoyer pour décolonialiser le CAPC, qu’abrite l’ancien Entrepôt Lainé, une réunion a réuni, ce jeudi 21 septembre, Baptiste Maurin, adjoint au patrimoine de la ville de Bordeaux, la direction du CAPC, représentée par Sandra Patron et les responsables de Mémoires & Partages, Patrick Serres et Karfa Diallo.

Cette initiative d’un dialogue citoyen et mémoriel autour de l’histoire esclavagiste de l’Entrepôt qui abrite le musée d’art contemporain de Bordeaux, dont l’adjoint au patrimoine de la mairie de Bordeaux est à l’origine, fait suite au plaidoyer que Mémoires & Partages avait adressé le 7 septembre dernier aux autorités municipales et artistiques.

Pour ce plaidoyer : « En usant de mots insignifiants comme « négoce », « main d’œuvre », « récoltés à bon compte », le CAPC dévitalise la charge politique et mémorielle du sujet, omet de dire que l’activité coloniale qui a fait une bonne part de la prospérité de Bordeaux est un crime contre l’humanité et que c’est le racisme, conséquence idéologique du commerce des noirs, qui est à l’origine de sa propre création et d’une bonne partie de l’opulence de la ville.

L’institution d’art contemporain semble encore établir une mémoire oublieuse, parcellaire et partielle, en rayant tout un pan de l’histoire, la réalité de l’exploitation, de l’esclavage, de la colonisation et du racisme, dont l’un des décors est l’entrepôt de denrées coloniales. Un lieu de recel de produits issus d’un crime contre l’humanité dont l’histoire officielle transmise par le musée d’art contemporain ne garde que l’aspect commercial et économique en omettant délibérément le côté humain et douloureux. »

Pour Baptiste Maurin « Mémoires & Partages a posé une question importante qui mérite d’être prise en charge dans la politique patrimoniale de la ville et cette rencontre permet de jeter les bases d’un dialogue pour compléter le dispositif mis en place au CAPC afin de rendre compte de ses origines à l’Entrepôt Lainé dont les activités sont liées au système esclavagiste qui était en vigueur »

Patrick Serres, président de Mémoires & Partages, qui s’est félicité de cette rencontre, a attiré l’attention sur « l’importance d’une signalétique qui respecte la mémoire du crime contre l’humanité à l’origine du bâtiment du CAPC, la disposition de son association au dialogue constructif et vigilant mais aussi la nécessité d’un calendrier d’actions précises pour répondre au plaidoyer de Mémoires & Partages ».

Quant à Sandra Patron, directrice du CAPC, elle a fait état « de l’investissement du CAPC sur la question des héritages de l’esclavage depuis quelques années avec l’invitation de plusieurs artistes mais elle a convenu aussi de la nécessité de réformer le récit institutionnel pour tenir compte de l’évolution de la sémantique et de la sensibilité des publics sur ce travail de mémoire »

Pour conclure, Karfa Diallo a insisté sur « l’enjeu de rééquilibrage des savoirs dispensés par les institutions culturelles abritées dans des lieux aussi chargés d’histoire et de celui d’un travail de mémoire équitable qui permette au CAPC, à la communauté bordelaise et aux visiteurs d’éprouver respect et hommage pour celles et ceux dont le sacrifice contraint a été à l’origine des Entrepôts Lainé. A l’heure où les musées du monde entier s’interrogent sur leur perpétuation des mécanismes de la domination coloniale, Bordeaux ne doit pas être en reste »

A l’issue d’une heure de discussion, il a été convenu :

  • Réécriture plus juste et respectueuse des textes institutionnels présents sur le site du CAPC
  • Edification d’un espace mémoriel qui rende compte de l’origine du bâtiment qui abrite le CAPC
  • Calendrier : en 2024, lors du Bicentenaire de la création des Entrepôts Lainé, l’essentiel des engagements devront être réalisés.
  • En conséquence et pour preuve de sa démarche constructive et confiante, Mémoires & Partages sursoie à la contre-visite prévue ce samedi 23 septembre lors du 50e anniversaire du CAPC

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