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LE FILS D’UN TIRAILLEUR DE THIAROYE DÉPOSE UNE PLAINTE CONTRE LA FRANCE

La mémoire de Mbap Senghor, un des tirailleurs présentés dans notre exposition documentaire sur le massacre de Thiaroye, fait l’objet d’une procédure judiciaire inédite qui vient d’être annoncée à Paris ce lundi 23 juin 2025.

80 ans après une fusillade de l’armée française sur des soldats africains démobilisés à Thiaroye (Sénégal), qui réclamaient leur solde lors de la seconde guerre mondiale, Biram Senghor réclame justice pour son père Mbap, tué à 42 ans lors de l’assaut et qui fait partie des six tirailleurs que la France a qualifié de « Mort pour la France » en juin 2024.

Un combat de longue haleine

Dès 1948, les autorités coloniales ont tenté de clore le dossier en le convoquant, ainsi que sa mère. Mais Biram Senghor a opposé un refus catégorique à tout classement précipité de cette affaire. Au fil des décennies, l’obstination de cet homme a fini par payer. Aujourd’hui, il attend désormais que la France aille plus loin en réparant le préjudice subi par sa famille. Mais son combat dépasse son cas personnel.   

Selon l’avocat de Biram Senghor :

« Dans un premier temps, on a commencé par dire que son père est déserteur. On admet qu’il n’est plus déserteur, mais qu’il a été tué à Thiaroye. On avait dit qu’à Thiaroye, il y avait des fosses communes et des tombes où étaient enterrés des tirailleurs. Le président Hollande en 2014 est venu dire qu’il n’y avait personne dans ces tombes-là. Donc, on ne sait pas où se trouvent les tirailleurs. Mais ces tirailleurs, il a été reconnu qu’ils ont été massacrés. Massacrés, ça veut dire usage de violence. Et la loi française punit quiconque cache le cadavre d’un individu décédé des suites d’une violence. C’est ça le recel de cadavre. Il ne s’agit pas simplement des personnes qui ont été là-bas en 1944. Le recel de cadavre, c’est cacher un cadavre ou faire obstruction à la découverte d’un cadavre et à qui on peut demander des comptes dans cette affaire. Sinon, l’ancienne puissance coloniale qui gérait ce dossier.» Maître Mbaye Dieng, avocat de Biram Senghor

Le réseau Mémoires & Partages, qui a fédéré des associations, parlementaires, avocats et historiens dans le collectif du 80e anniversaire du massacre de Thiaroye, soutient cette demande de vérité et salue la détermination inflexible de la famille Senghor à faire reconnaître les souffrances trop longtemps tues. Leur action judiciaire est un puissant rappel des blessures encore à panser et du devoir de réparation qui incombe à la France.

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