Dans le département de la Creuse, le 18 novembre dernier s’éteignait, à 104 ans, un serviteur de la 4e et de la 5e République dont l’engagement puise dans une origine indissociable de l’histoire de l’esclavage colonial français.
Né le 19 septembre 1921 à Civray (Vienne), diplômé de l’École de la France d’outre-mer et de l’École nationale d’administration (ENA, promotion «Europe»), André Chandernagor est, en effet, le lointain descendant d’un esclave indien, de l’Ile Bourbon (actuelle Ile de la Réunion) nommé «Bengale», qui reçut au 18e siècle le nom de Charles François Chandernagor lors de son affranchissement et de son baptême.
Un personnage exemplaire par son engagement qui aura été tout à la fois un constitutionnaliste exigeant, un édile local apprécié (élu 7 fois député), une figure politique socialiste incontournable, un ministre avisé et le premier président de la cour des comptes.
Son ancrage en Nouvelle-Aquitaine à Aubusson (Limousin) a participé au désenclavement du territoire par son rôle déterminant dans la fondation de l’actuelle Cité internationale de la tapisserie, mettant à l’honneur cette tradition plusieurs fois séculaire aujourd’hui inscrite au patrimoine immatériel de l’Unesco.
Pour Karfa Diallo, fondateur de Mémoires & Partages, « En cette 5e Fet Kaf Bordeaux où la Nouvelle-Aquitaine célèbre l’abolition de l’esclavage à l’Ile de la Réunion (20 décembre 1848), il est essentiel de relier la vie de ce Néo-Aquitain, ce Français, un grand serviteur de l’État à ses origines liées à l’histoire coloniale française. Elles démontrent comment les descendants d’esclavisés ont ensemencé la prospérité économique, sociale et politique de notre pays, malgré les terribles contraintes qui inauguré leurs vies. Pensées émues pour la familleet le proches d’André Chandernagor. »


