Le 1 décembre 1944, des dizaines de Tirailleurs Sénégalais, trente-cinq soldats, selon la version officielle, plusieurs centaines selon certains historiens, ont été exécutés sur ordre d’officiers de l’armée française au camp de Thiaroye. Présentés comme des « mutins », ces ex-prisonniers de guerre, originaires des anciennes colonies françaises d’Afrique de l’Ouest, réclamaient les rappels de solde. 34 Tirailleurs seront jugés les 5 et 6 mars 1945 et condamnés à des peines allant jusqu’à 10 ans de prison et dégradation militaire.
Autant de mères inconsolables, de fiancées mortifiées, de pères défaits, de filles traumatisées et de petits-fils amers face à cette injustice, cette instrumentalisation judiciaire et cette oppression postcoloniale qui a longtemps maintenu dans l’ombre un épisode tragique et si emblématique de la seconde guerre mondiale.
Le 1er décembre 2014, François Hollande, en visite au Sénégal, prononce un discours dans l’enceinte du cimetière militaire du Camp de Thiaroye dans lequel il reconnaît la faute de la France dans la fusillade qui a coûté la vie et remet les archives numérisées à l’État sénégalais suivant sa promesse de 2012. En évoquant « la répression sanglante », il n’a pas reconnu le massacre.
Cependant qu’en Afrique de l’Ouest, le meurtre de sang froid de ces Tirailleurs est devenu un symbole de l’injustice coloniale et un ferment incontournable des luttes syndicales et politiques d’affirmation indépendantiste et souverainiste en Afrique. Portée par la société civile africaine et diasporique, la revendication de Vérité et de Justice, à la suite de nombreuses mobilisations et procédures a permis la requalification de ce mensonge d’Etat.
Ainsi, le 18 juin 2024, l’État Français a annoncé l’octroi de la mention « Mort pour la France » à six Tirailleurs Sénégalais (quatre Sénégalais, un Ivoirien et un Burkinabè) tués lors du massacre de Thiaroye.
Dans un contexte où la voix de la France est de plus en plus contestée par la jeunesse africaine, à l’occasion du 80e anniversaire de la Libération de la France et du drame de Thiaroye, nous demandons une reconnaissance officielle de cette tragédie emblématique des relations postcoloniales.
80 ans après le drame et à l’occasion du 80e anniversaire de la Libération, de Bordeaux et sa région, porte d’entrée en France des Tirailleurs où des centaines de soldats africains furent emprisonnés ou moururent, il s’agit d’organiser plusieurs événements avec l’ambition de se souvenir, de comprendre et de rendre visible la réalité de ce massacre colonial, la situation coloniale qui l’a permis, transmettre la mémoire des tirailleurs africains et demander justice.
PROGRAMME DU COLLECTIF DU 80e THIAROYE 44
PARIS
LUNDI 4 NOVEMBRE À 15H À L’ASSEMBLÉE NATIONALE – Plaidoyer pour une résolution parlementaire de Reconnaissance officielle et condamnation du massacre des tirailleurs sénégalais à Thiaroye le 1 décembre 1944. En présence d’historiens, d’avocats, de parlementaires et d’acteurs de la société civile.
Avec les députés Colette Capdevielle, Danièle Obono, Aurélien Taché, Carlos Martens Bilongo, Nicolas Thierry, Pouria Amirshahi, Florent Boudié.
Des historiens Armelle Mabon et Martin Mourre, des avocats Hervé Banbanaste, Elodie Tuaillon-Hibon, François Pinatel et avec les témoignages de Emilien Abibou « petit fils de condamné de Thiaroye 44 » et de Sidiki Bakaba acteur du film Camp de Thiaroye
OUVERTE A TOUS SUR INSCRIPTION – Via le formulaire ci-aprés : https://forms.gle/BktKtUUDvPWgsUqA8
BORDEAUX
JEUDI 21 NOVEMBRE – SAMEDI 7 DÉCEMBRE 2024 : Exposition documentaire « 80 ans du massacre de Thiaroye » Réalisée par Karfa Diallo, Fils de tirailleur et Natif de Thiaroye
Vernissage de l’exposition le Jeudi 21 novembre à 18h au Rocher de Palmer (CENON)
SAMEDI 23 NOVEMBRE À 18H AU ROCHER DE PALMER : « Petit fils de Tirailleur : Binkady Emmanuel Hié » également auteur de Visibles, Figures noires de l’histoire de France, Stock, Oct. 2023
OUVERTE A TOUS SUR INSCRIPTION – Via le formulaire ci-aprés : Inscription 23 nov 2024 – Google Forms
SAMEDI 30 NOVEMBRE A 16H : HOMMAGE ARTISTIQUE au Rocher de Palmer sous la supervision de l’artiste Cheikh Tijaan Sow et en présence du comédien Sidiki Bakaba – Musiques, théâtres, danses et podcast
Avec les artistes Khady Sarr (Cie Yobalema), Marie Lasserre et Thierno Ndiaye and co (Chemins de Traverses, compagnie Migr’Arts), Alain Mbakob, Laetitia Oulaïtoh, Bodaline, Thierno Diallo, Bayla et Becaye & Cheikh Sow
OUVERTE A TOUS SUR INSCRIPTION – Via le formulaire ci-aprés : Inscription 30 nov 2024 – Google Forms
DIMANCHE 1 DÉCEMBRE 2024
11h – Hommage solennel sur les Quais des Chartrons Bordeaux (à hauteur du Cours de la Martinique)
14h – Projection-débat « Camp de Thiaroye » de Ousmane Sembène – Cinéma Utopia
SAMEDI 14 DEC. A 13H : « DE THIAROYE A SAINT-MICHEL » – Lectures, performances et musiques – THÉATRE LA LUCARNE avec Les Amis du Sahel
POITIERS
Avec le soutien de la mairie de Poitiers et en partenariat avec l’Association des Sénégalais de Poitiers, la Médiathèque de la Blaiserie et le Cinéma Tap Poitiers
MARDI 10 AU SAMEDI 14 DÉC. : EXPOSITION DOCUMENTAIRE « 80 ans du massacre de Thiaroye » à la Médiathèque de la Blaiserie à Poitiers
JEUDI 12 DÉC. À 18H : PROJECTION-DÉBAT Camp de Thiaroye, Cinéma Tap Castille
SAMEDI 14 DÉC. À 14H30 : BALLADE CONTÉE sur le lieu historique du Camp Stalag d’emprisonnement de Tirailleurs de la Chauvinerie.
PROGRAMME GENERAL DU 80e ANNIVERSAIRE DU MASSACRE DE THIAROYE
LE COLLECTIF DU 80e ANNIVERSAIRE DU MASSACRE DE TIRAILLEURS AFRICAINS À THIAROYE
Conseiller Historique : Martin Mourre, historien
Composé de personnalités : Agnès Dione, conseillère municipale Poitiers, Cheikh Tijaan Sow, artiste-formateur et Abdourahmane Ndiaye, enseignant
Des représentants d’associations : COSIM Nouvelle-Aquitaine, Mémoires & Partages, Association des Mauritaniens de Bordeaux, Institut des Afriques, Cinéma Utopia, Institut Culturel Africain, Africiné, Mouvement Burkinabé des Droits de l’Homme, Les Amis du Sahel, Association des Sénégalais de Poitiers et Rocher de Palmer
LE RÉSEAU MÉMOIRES & PARTAGES
travaille de longue date sur l’histoire des tirailleurs africains. Des expositions documentaires et des commémorations sont organisées régulièrement :
les tirailleurs de la 1ère guerre mondiale morts au Camp du Courneau (la Teste de Buch),
l’histoire du Camp de Buglose d’emprisonnement des tirailleurs de la seconde guerre mondiale (Landes),
le naufrage des tirailleurs du paquebot Afrique (Bordeaux),
le Tirailleur Senghor (St Médard en Jalles),
l’exposition Frères d’âme labellisé par la Mission 14-18,
les tirailleurs morts au cimetière de l’hopital psychiatrique (Cadillac), etc.
Née à Bordeaux en 1998 et basée à Dakar, Le Havre, La Rochelle, Bayonne et Paris, Mémoires & Partages est un réseau associatif d’éducation populaire à la mémoire partagée de la colonisation, de la traite des noirs, de l’esclavage, du racisme et des combats pour les droits humains.
Une réponse
Nous sommes très fiers et heureux de ce programme.Merci