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ACTE 2 « PROCÉS LA NÉGRESSE DE BIARRITZ » AU TRIBUNAL ADMINISTRATIF DE PAU LE 7 DEC


Ce jeudi 7 décembre, trois ans après le dépôt du recours contre le nom de « La Négresse » donné à un quartier et une voie communale de la ville de Biarritz, s’ouvre enfin le procès de « La Négresse » au Tribunal administratif de Pau.

« La Négresse », c’est le surnom donné à un quartier de Biarritz depuis le XIXe siècle, en raison de la présence d’une ancienne esclave noire qui travaillait dans une auberge du quartier, qui s’appelait auparavant Harausta (« endroit poussiéreux » en basque). C’est le sobriquet, qui lui a été donné par les soldats Napoléoniens, qui sert à désigner le quartier. Elle ne pouvait qu’être déportée par ses « maîtres » puisque la Police des noirs (instituée en 1776) obligeait à la déclaration et à la surveillance tous les esclaves qui rentraient sur le sol de France.

Les termes de « Nègre » ou « Négresse » ne sont pourtant pas anodins, et certainement pas de simples synonymes de « noir/noire ». Ils servaient à désigner une personne noire, quand celle-ci est vidée de son humanité, seule manière pour les sociétés européennes de rendre moralement acceptable leur mise en esclavage, alors même que cette pratique était vigoureusement combattue quand il s’agissait de « blancs ». Ces termes portent donc en eux la marque d’un crime contre l’humanité, qui a vu déporter des millions d’Africains, afin de travailler comme esclaves dans les plantations coloniales.

Plusieurs fois objets de critiques, la persistance de cette dénomination raciste pour le quartier de Biarritz est une injure au vivre-ensemble et à la reconnaissance de la composante noire de l’histoire de France (richesse apportée à la métropole par le travail des esclaves, participations des tirailleurs et troupes coloniales dans plusieurs guerres françaises, enrichissement culturel, sportif, etc.).

Lors du Sommet du G7, le 22 août 2019 devant la gare de Biarritz, des adhérents de M et P distribuèrent une information au public à ce sujet. La ville était alors quadrillée par les forces de l’ordre qui interpellèrent Karfa Diallo coupable de ne pas vouloir cesser sa distribution d’informations. Nos avocats William Bourdon et Colette Capdevielle démonteront avec brio dans leur plaidoirie que ce dossier était monté de toutes pièces par les policiers. Le délibéré du tribunal du 14 janvier 2021 ne souffre d’aucune ambiguïté puisque non seulement il relaxera Karfa Diallo du chef d’accusation « de rébellion » mais en plus il déboutera les parties civiles (les deux policiers) de leur action.

Pendant ce temps, dans le pays Basque, plusieurs sites ont déjà commencé à changer leur nom : l’arrêt de bus Biarritz – La Négresse est devenu en 2018 l’arrêt Viaduc – Gare de Biarritz ; la pharmacie de La Négresse a retiré le mot « négresse » de sa devanture en 2021. Et la même année à Bayonne, l’emblématique Café négro devient le Kafe Beltza.

Mais, devant le refus répété, depuis 2013, des différentes municipalités de tous bords à la tête de la ville de Biarritz d’entamer une démarche apaisée de changement de nom du quartier, l’association Mémoires & Partages a été contrainte de déposer le 2 décembre 2020 un recours au Tribunal administratif de Pau, afin de faire annuler les délibérations « illégales », de 1861 et 1986, ayant octroyé le nom de « La Négresse » à un quartier et une rue de la commune.

L’action que nous avons entreprise fera de ce procès celui de toute la pensée raciste et sexiste qui prolifère à ciel ouvert. Ce renvoi va asseoir la préparation minutieuse de la pédagogie anti-raciste de notre association…

Si notre requête aboutissait ce serait alors une première et ferait jurisprudence pour agir envers des cas similaires qui continuent d’exister sur notre territoire national.

Redonnons à ce quartier le nom Basque qu’il n’aurait jamais dû perdre : « Harausta ! »

Nous appelons donc nos adhérents et sympathisants tout d’abord :

  • à nous soutenir en présence ce jour du 07 décembre, où nous organiserons un déplacement,
  • à nous soutenir financièrement pour assurer les frais inhérents à ce procès (avocat, déplacements..). Votre participation pourra être transmise à Mémoires et Partages 9 rue des Caperans 33000 Bordeaux  

Merci d’avance de votre soutien et de votre engagement pour un monde débarrassé du racisme, de la xénophobie et porté par la valeur cardinale de l’altérité.

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