Pour être à la hauteur de l’enjeu de reconnaissance et de justice, le président de Mémoires & Partages appelle à mettre sur un piédestal la statue Al Pouessi en mémoire de l’esclavage.
Monsieur Hurmic, le 14 septembre dernier, la statue de l’esclave Al Pouessi – Modeste Testas (1765-1870), inaugurée en mai 2019 sur les quais de la Garonne, a été découverte souillée de peinture blanche.
Cette statue, comme la plupart des monuments de reconnaissance de la mémoire du racisme antinoir sur l’espace public bordelais, est le fruit d’un long combat de l’association Mémoires & Partages pour faire connaître et reconnaître la traite des noirs et l’esclavage qualifiés de crimes contre l’humanité par la loi française du 10 mai 2001.
Occultée et invisibilisée pendant des siècles, la mémoire de l’esclavage fait de plus en plus l’objet, à Bordeaux et sa région, d’une appropriation institutionnelle par l’érection de lieux de mémoire mais aussi d’outils d’éducation et de partage.
Revendiquée par la société civile comme lieu de mémoire, de recueillement et de partage, cette statue d’une femme noire haïtienne, esclave sexuelle d’un négrier bordelais du 18e siècle, a été, dès son inauguration, scénarisée d’une façon qui la présente comme une décoration ou un ornement livré aux familiarités incessantes du nombreux public des quais de Bordeaux.
Pourtant lors de nos visites pédestres « Bordeaux port négrier », cette statue est une des étapes pour aborder la résistance du peuple noir et spécifiquement des esclaves.
Régulièrement des participants Bordelais ou venant d’autres contrées nous interpellent sur deux points essentiels :
- la plaque explicative et mémorielle scellée sur l’espace piétonnier n’est pas visible réellement pour les promeneurs et donc régulièrement piétinée par ceux-ci,
- la statue elle même n’est pas sanctuarisée et beaucoup l’utilisent comme porte manteaux ou autres.
Nous pensons qu’une réflexion commune sur ce sujet pourrait être engagée afin de résoudre ces deux difficultés.
Une des pistes consisterait à déplacer la statue sur la partie engazonnée, juste à proximité (et non sur l’allée piétonnière comme aujourd’hui) et de la poser sur un piédestal, un support afin de l’élever avec l’intérêt second de pouvoir sceller la plaque sur celui-ci, donc visible des promeneurs des quais.
Posée sur la partie engazonnée : l’aménagement d’un parterre floral (mini square) tel celui édifié sur la rive droite autour du buste de Toussaint Louverture permettrait une meilleure captation visuelle de l’œuvre et sanctuariserait celle-ci.
Nous nous permettons donc de solliciter une réflexion afin de mieux mettre en valeur les symboles mémoriaux édifiées par celle-ci concernant notamment la traite des noirs et l’esclavage.
Dans l’attente d’une suite favorable, veuillez recevoir, Monsieur le Maire, mes salutations les plus distinguées.
Patrick SERRES, président de Mémoires et Partages
Bordeaux, 29 novembre 2021
Une réponse
Tout est dit et très bien dit.
Merci Patrick.