Malgré les « excuses » de Valeurs Actuelles, Mémoires & Partages demande au procureur de la République de donner des suites judiciaires aux provocations à la haine raciale de l’hebdomadaire parisien.
Ce samedi 29 Août 2020, Mémoires & Partages a annoncé une plainte contre l’hebdomadaire français Valeurs Actuelles qui, une fois de plus, une fois de trop, exhale les vapeurs nauséabondes du racisme décomplexé dans le paysage médiatique et politique français.
La couverture de Valeurs Actuelles déjà largement commentée -et heureusement dénoncée– est, en effet, un sommet supplémentaire de provocation.
Selon nous, si la cible de cette image dégradante est la députée Noire Danièle Obono, le message véhiculé atteint en son cœur la République elle-même.
Le président de la République, Emmanuel Macron, le premier ministre, Jean Castex et le ministre de la justice Eric Dupond-Moretti ne s’y sont pas trompés.
Selon nous, leur dénonciation de cette caricature qualifiée de « raciste » qualifie indubitablement la nature pénale de cette attaque contre l’ordre public et devrait entrainer une auto-saisine immédiate du procureur de la république.
En effet, la loi française du 29 juillet 1881 est précise, et tranchante : « Sera punie d’un an d’emprisonnement et de 45 000 euros d’amende l’injure commise par les mêmes moyens envers une personne ou un groupe de personnes à raison de leur origine ou de leur appartenance ou de leur non-appartenance à une ethnie, une nation, une race ou une religion déterminée. »
Si l’engagement de Mémoires & Partages repose sur un travail d’éducation populaire de mémoire autour des crimes contre l’humanité que furent la traite et l’esclavage des noirs mais aussi de vigilance et d’espoir humaniste, notre association doit œuvrer à rappeler lorsque cela est nécessaire le cadre des droits humains fondamentaux de 1948 qui précisent les définitions de la liberté d’expression et de la liberté de la presse.
A chacun de ces rappels, il faut le redire : le racisme n’est pas une opinion. La haine publique n’est pas un droit. La violence verbale ou écrite ne s’opère pas dans une sphère abstraite. Il n’existe pas de bulle hors des lois où la peur de l’autre, sans entrave, pourrait laisser cours à une vindicte dégradante.
Selon nous, cette illustration qui utilise l’image de Madame Obono vise l’humiliation de la mémoire de millions de personnes victimes des crimes contre l’humanité que furent la traite et l’esclavage des noirs.
Selon nous, s’attaquer de la sorte à un-e représentant-e de la nation française, en la dépeignant comme « esclave » soumise aux ricanements de ses bourreaux, est une offense à l’assemblée nationale et aux valeurs de la République.
Selon nous, cette attaque contre une femme engagée dans le débat politique et citoyen constitue une violation de l’intégrité de toutes les femmes qui s’engagent sur l’espace public.
Faire cette couverture, c’est donc faire dessein d’un dessin.
Quelques semaines après la mort de Georges Floyd, quelques jours après l’attaque de Jacob Blake, dans le contexte actuel des luttes internationales pour les droits des Noirs, il n’est pas ici de refuge pour plaider l’ignorance ou la maladresse.
Devant la condamnation par la classe politique de leur projet, la rédaction de Valeurs Actuelles a publié un communiqué dénonçant le reproche de « racisme » qui lui été fait.
Pas assez courageux pour assumer leurs idées véritables, les auteurs voudraient se draper des vertus de la liberté de presse et de création littéraire qu’ils conspuent avec une régularité excédante.
Selon nous, cette indignation unanime ne doit, donc, donner lieu à aucune sorte de complaisance à l’endroit du racisme et de ceux qui s’en font les promoteurs.
L’association Mémoires et Partages demande au procureur de la République, sur la base du trouble à l’ordre public causé par cette publication qui a obligé les responsables de l’Etat à se manifester mais aussi au titre de « l’incitation à la haine et à la discrimination raciales » prévue par l’article 33 alinéa 3 de la loi sur la liberté de la presse du 29 juillet 1881, d’engager de poursuites contre le journal Valeurs Actuelles.
Une plainte sera déposée par nos conseils ce jour au procureur de la république de Paris.
Mémoires & Partages
Bordeaux 31 août 2020
ADDITIF 31 AOUT 2020 – 14H
LE PROCUREUR DE LA REPUBLIQUE OUVRE UNE ENQUETE POUR « CHEF D’INJURES A CARACTERE RACISTE »
A la suite des unanimes dénonciations politiques, associatives et de la plainte en justice que nous avons annoncé samedi dernier contre la publication par #ValeursActuelles de l’article ouvertement raciste visant la députée Danièle Obono et des nous nous réjouissons que le procureur de la République se saisisse de cette grave violation des droits humains.
Nous irons jusqu’au bout de la procédure et serons vigilants!
2 réponses
Entièrement d’accord avec ce texte : la discrimination, le racisme et la haine de l’autre ne sont pas les valeurs de la République ! Celles que véhicule ce torchon de Valeurs Actuelles sont d’un âge brun que je n’ai pas connu, mais, hélas, de plus en plus en vogue. Je tiens également à ajouter que je suis très loin de partager la plupart des combats séparatistes de Mme Obono, cependant, dans notre pays, cette joute politique se joue au sein des chambres parlementaires et lors des élections et, toujours, dans le respect des valeurs républicaines!
Très bel argumentaire ! Clair et implacable, il résume tout ce qui est important !