L’année 2020 se profile et pour Mémoires & Partages, les victoires sont réelles. Crée en 1998, notre mouvement d’éducation populaire a, non seulement résisté aux nombreux périls que son indépendance suppose mais réussi à transformer durablement l’histoire et la conscience politique d’Ici et d’Ailleurs.
Pour rappel, notre association vit dans une précarité menaçante du fait de son éthique scientifique et militante. Avec une équipe essentiellement bénévole, nous continuons, malgré tout, à faire vivre l’idée d’une mémoire partagée des violences politiques et de leurs héritages. Mémoires & Partages vit encore et c’est grâce au soutien de sa communauté.
Notre site www.memoiresetpartages.com et nos réseaux sociaux se confirment comme sources d’information avec des centaines de milliers de personnes qui les visitent et s’inspirent des contributions et articles.
2019 a été marquée par l’approfondissement de la thématique du Sahara face à l’esclavage avec un mois de mai riche des contributions scientifiques et artistiques. Pour briser le tabou de l’esclavage arabo-musulman, deux contributeurs parmi les plus audacieux du monde arabo-musulman, l’artiste Souad El Maysour et l’universitaire Chouki EL Hamel, ont entretenu les bordelais de leurs travaux.
A Bordeaux, le combat pour une pédagogie de l’espace public respectueuse de la mémoire de l’esclavage a porté ses fruits. Dix ans après le lancement de la campagne, la ville vient de décider d’apposer des plaques explicatives sur six rues de personnalités qui ont commandité ou exécuté ce crime contre l’humanité.
Nous sommes fiers d’avoir poursuivi le travail d’éducation populaire à travers les visites-guidées qui, de Bordeaux à La Rochelle (depuis 2019), éduquent de plus en plus de monde mais surtout de jeunes élèves. 2020 devrait nous permettre de monter vers le Nord, vers la ville du Havre dont les traces de l’esclavage attendent leur médiation.
2020 nous permettra aussi de confirmer l’ancrage africain. Après le Sénégal, qui a voté l’unique loi qui déclare la traite des noirs crime contre l’humanité et où nous intervenons depuis dix ans, le Bénin sera la prochaine étape.
Le Black History Month Bordeaux, lancé il y a 3 ans, malgré un modèle économique périlleux, continue à relier les arts autour de la conscience des contributions des peuples africains et afrodescendants. Après une édition 2019 qui, autour de l’œuvre de Michael Jackson, a impactée cinq villes françaises (Bassens, Bordeaux, Poitiers, Pau et Paris), la saison 2020 s’ouvre autour de la mémoire des tirailleurs naufragés du « Titanic Français » et de la boxe que l’engagement de Mohamed Ali a porté aux cimes.
2020 c’est aussi le Contre-Sommet Francafrique dont nous avons pris l’initiative à Bordeaux en mettant en place un collectif d’associations. Faire du premier port colonial français au 19e siècle, la ville hôte du sommet officiel Afrique-France des chefs d’Etats dans le cadre du soixantième anniversaires des indépendances africains, ne pouvait nous laisser de marbre tant l’historique des liens de domination politique perdure.
Le chantier le plus important des deux années à venir est incontestablement celui de La Maison Contre les Esclavages que nous avons lancés cette fin d’année 2019 par une campagne de communication et de financement participatif. Les deux années qui nous attendent devraient nous renseigner sur la faisabilité d’un projet indispensable pour nos mémoires.
Nous adressons nos remerciements aux adhérents et bénévoles de Mémoires & Partages. Nous souhaitons à toutes et tous une bonne année 2020 ! Tous nos voeux de santé et de succès pour l’année à venir!
Karfa Sira DIALLO
Fondateur-directeur
Une réponse
De beaux projets que « La France noire » suivra avec attention. Bravo pour le chemin parcouru !