Suite aux propos tenus dans Sud-Ouest et après avoir publié un livre « le tueur des Chartrons » où un « descendant d’esclaves » assassine des descendants d’armateurs.
COMMUNIQUÉ DE PRESSE – MÉMOIRES ET PARTAGES PREND ACTE DES EXCUSES DE LUDOVIC MARTINEZ, 18 décembre 2019
Ludovic Martinez, directeur de cabinet du maire de Bordeaux, a publié en 2018 un roman policier ayant pour thème la mémoire de l’esclavage où il met en scène un descendant d’esclaves qui assassine des descendants d’armateurs négriers.
Dans une interview au journal Sud-Ouest du 27 avril 2018, à la question du journaliste Denis Lherm « Le tueur est un descendant de la traite négrière, ne craignez-vous pas que ce thème vous soit reproché ? », le directeur de cabinet du maire de Bordeaux répond : « c’est un débat qui a cours à Bordeaux. Il y a les partisans de la repentance, moi je suis plutôt pour l’oubli de l’esclavage ».
Cette déclaration est absolument inadmissible et scandaleuse au regard des fonctions occupées par Ludovic Martinez à la mairie de Bordeaux depuis une dizaine d’années. La ville de Bordeaux, en effet, était le deuxième port négrier français et surtout le premier port colonial. Il faudrait donc effacer les 150 000 africains déportés par les armateurs bordelais et les centaines de milliers de captifs mis en esclavage par les bordelais pendant au moins deux siècles.
- Considérant que la loi Taubira du 21 mai 2001 déclare l’esclavage et la traite des noirs et l’esclavage crimes contre l’humanité.
- Considérant que le président Jacques Chirac a fait du 10 mai la journée nationale de commémoration de l’abolition de l’esclavage
- Considérant que la ville de Bordeaux, deuxième port négrier et premier port colonial français, a engagé un important devoir de mémoire sur l’esclavage et la traite des noirs.
- Considérant que Mémoires et Partages qui, depuis 21 ans, fait un travail d’éducation populaire à la mémoire partagée, ne saurait tolérer cette atteinte à la mémoire d’un crime contre l’humanité.
Ces propos de Mr Martinez ayant provoqué une vive indignation chez de nombreux citoyens. Mémoires et Partages a alors adressé une demande d’explication au directeur de cabinet du maire de Bordeaux le 14 octobre 2019.
Fidèle à la philosophie d’Aimé Césaire, pour qui « Même le crayon du bon Dieu a une gomme » et conscient qu’une bonne médiation vaut mieux qu’un mauvais procès, Karfa Sira Diallo, fondateur-directeur et Patrick Serres, président de Mémoires et Partages, ont rencontré Ludovic Martinez à deux reprises les 14 novembre et 16 décembre 2019.
A la suite de la deuxième rencontre, Mr Martinez a exprimé ses excuses à l’endroit de la mémoire du crime contre l’humanité que ses propos ont amoindrie.
« Je déplore que certains de mes propos aient été mal interprétés et je les regrette d’autant plus qu’ils ont vraisemblablement blessé.
Je suis profondément convaincu que le combat que nous menons au côté de l’association « Mémoires et Partages », en collaboration avec les institutions et les acteurs locaux, mérite le plus grand respect. Je suis, plus que jamais décidé à m’y impliquer » Ludovic Martinez, directeur de cabinet du maire de Bordeaux, Lundi 16 décembre 2019,
Mémoires et Partages prend, bien volontiers, acte des regrets exprimés par Mr Martinez.
Ses excuses doivent maintenant s’accompagner d’une véritable ouverture
nouvelle au dialogue.
Mémoires et Partages a toujours tendu la main au dialogue. Depuis
1998, l’association a initié, répondu et participé à toutes les initiatives
publiques sur la mémoire de l’esclavage à Bordeaux.
Depuis 2014, elle a même engagé un dialogue avec des descendants d’armateurs négriers.
Mémoires & Partages renouvelle aujourd’hui cette invitation au dialogue autour du projet de la Maison Contre les Esclavages. En acceptant de s’engager pour une telle initiative, les autorités bordelaises constateraient combien le mouvement social attaché à la mémoire de l’esclavage n’a rien à voir avec les caricatures et les faux procès dont il est la cible régulière.
LE BUREAU DE MÉMOIRES & PARTAGES