Invité du JT de mardi 8 octobre de TV7 et de Sud-Ouest, Karfa Sira Diallo a expliqué l’intérét politique, social et culturel de l’édification d’un lieu de mémoire qui permette de « connaitre l’esclavage d’hier pour combattre l’esclavage d’aujourd’hui ».
Le fondateur de l’association Mémoires et Partages a présenté ce mardi les détails du projet de mémorial contre l’esclavage, que la structure souhaite porter sur la rive droite de Bordeaux.
L’association estime en effet que la ville, en tant que premier port colonial aux 18e et 19e siècles, doit se doter d’un lieu culturel et de débat sur le sujet de l’esclavage.
Révélé au début du mois de septembre lors du festival Climax, le projet de Mémorial contre l’esclavage à Bordeaux, a été présenté ce mardi par l’association Mémoires et Partages. Rappelant que « Bordeaux en tant que premier port colonial français, a été la ville française qui a le plus profité de l’exploitation de la main-d’œuvre africaine et caribéenne », l’association bordelaise souhaite en effet qu’un véritable lieu culturel consacré à ce sujet soit érigé dans la ville.
« L’idée est d’avoir un lieu, sur la rive droite dans le prolongement du parc aux Angéliques, avec une école des mémoires, un espace d’archives et d’exposition, et un auditorium, pour avoir des conférences et des débats » a détaillé le fondateur et directeur de l’association, Karfa Diallo. Une architecte, Julie Druillet, a même déjà été désignée pour réaliser cet espace de 450 m2, dont le montant est estimé à 1,2 million d’euros.
L’association assure pour sa part qu’elle ne souhaite pas dépendre que d’argent public, et annonce avoir lancé une souscription jusqu’en 2021, « en espérant que le privé apporte 70 % des fonds. »
« Il faut reconnaître que tout le monde a laissé la ville avec cette patate chaude »
Il est vrai que le fondateur de l’association Mémoires et Partages n’est pas toujours très tendre avec la municipalité. Même si ce mardi, il a admis des évolutions récentes qui allaient dans le bon sens, selon lui.
« J’ai souvent été, et je le serai encore, très critique concernant ce qui est fait à Bordeaux autour de la mémoire de la traite et de l’esclavage, reconnaît Karfa Diallo. Pour autant, il faut reconnaître que tout le monde a laissé la ville avec cette patate chaude. Aucune autre collectivité ne s’investit, alors que cette histoire de l’esclavage n’a pas seulement nourri Bordeaux : La Rochelle et Bayonne étaient des ports négriers, et ce commerce ne reposait pas que sur des armateurs bordelais. La ville a fait ce qu’elle a pu, mais il faut aller plus loin. »
« Les esprits sont aujourd’hui plus ouverts pour mettre en œuvre ce projet »
Le président de l’association, Patrick Serres, rappelle pour sa part qu’un projet de mémorial avait déjà été envisagé il y a quelques années, avant d’être abandonné. « Nous présentons à nouveau un projet aujourd’hui tout simplement parce que nous considérons que les esprits sont plus ouverts pour le mettre en œuvre. »
Et même si la ville de Nantes est souvent citée en exemple par l’association, pour s’être emparée très tôt de ce sujet, Karfa Diallo et Patrick Serres entendent mener à Bordeaux un projet très différent du mémorial qui existe déjà en Loire-Atlantique. Mais il reste surtout à convaincre les partenaires, maintenant.
SOURCES Journal TV7 (8 octobre 2019) et 20MINUTES (8 octobre)