Mouvement d’éducation populaire à la mémoire partagée depuis 1998

BORDEAUX – BAYONNE – DAKAR – LA ROCHELLE – LE HAVRE – PARIS

CENON- COMPTE-RENDU en IMAGES & SONS de la journée du 10 mai 2014

Grace au service communication de la Ville de Cenon, nous pouvons vous proposer ce compte-rendu de la journée du 10 mai.

Toute notre gratitude à Monsieur Alain David Maire de Cenon et à Madame Marie-Hélène Filleau, directrice de la communication.

SAMEDI 10 MAI, 11H:

ENSEMBLE POUR COMMÉMORER LA TRAITE DES NOIRS, L’ESCLAVAGE ET LEURS ABOLITIONS

Inès, Axelle, Adam, Samantha, Tasmine et Arthur, collégiennes et collégiens de Jean Zay ont fait chavirer le coeur des personnes rassemblées sur le parvis de la mairie, avec leurs mots fervents inspirés des textes de Maryse Condé, d’Angela Davis, de Joséphine Baker… 

Les mots d’autres poètes ont irradié les discours de cette cérémonie du 10 mai* qui s’attache à garder vive la mémoire d’un crime contre l’humanité.
Marie Laure Piroth, professeure de lettres au collège Jean Zay :
« Inès, Axelle, Adam, Samantha, Tasmine et Arthur , élève au collège Jean Zay, vont vous lire des textes qu’ils ont écrits et que d’autres de leurs camarades ont écrits en ateliers d’écriture dans mon cours de français. Ils ont visité le Bordeaux nègre avec Karfa Diallo. Les élèves ont imaginés ce que pouvaient vivre des hommes, des femmes, des enfants subissant l’esclavage, la ségrégation. et le racisme Je vous remercie et je suis fière des institutions françaises qui permettent à ces élèves de participer aux commémoration de l’abolition de l’esclavage. Et je remercie les élèves…. »

Inès, Axelle, Adam, Samantha, Tasmine et Arthur, collégiennes et collégiens de Jean Zay
Accompagnés par quelques notes de guitare basse, leurs jeunes voix ont porté avec sincérité et détermination des mots d’effroi et d’espoir avec une bouleversante intensité .

« Deux personnes de couleur blanche m’appelle esclave, négrillon mais moi, je ne m’appelle pas comme ça.
Je ne comprends pas.
Ils appellent mes parents nègres.
Et mes parents sont enchaînés comme moi »

« Ce sont des actes criminels d’enlever les hommes, femmes, enfants de leur pays, peuple, maison (…) »

« C’est la brutalité de ces hommes sauvages qui poussa les esclaves à la cruauté et ils décidèrent de se révolter en attaquant le bateau. Nous avons perdu 3 de nos hommes mais la révolte continua jusqu’à la nuit tombée. »

« Ce commerce berce les richesses
de ses chefs
au chargement
d’une contenance négrière.
Attaché à des chaines,
ce peuple de couleur
Pleure
à l’heure du chargement.
Ils pensent
sans que leurs carences
n’arrêtent leurs danses.»

 « Arrivée en Guadeloupe, je me mis à pleurer car mon âme en peine mourut. »

« Je me sens honteuse.
Les hommes et les femmes comme elles rêvent de liberté et d’égalité.
Alors que des Blancs les brisent à cause de leur couleur .»

« Un beau jour je mis au monde une petite fille, elle n’était ni noire, ni blanche, mais …METISSE. Un mélange de moi et d’un maître blanc qui avait comblé ses plus sombres désirs en moi. Cette fille était un miracle, une faveur du ciel. Je ne voulais pas lui dire que son père était l’horrible homme qui nous battait, nous les nègres. Mon cœur était rempli d’espérance, de voir un jour le bateau qui nous avait amenés revenir nous chercher. Mon cœur chavirait entre l’amour que je porte pour mon enfant et la haine que je portais en la voyant se casser le dos dans les plantations. »

« Et malgré tout, malgré vos sous-entendus quand je passais dans la rue devant vous, malgré vos préjugés, votre avis déjà conçu sur nous : que par une couleur, une peau nous valons moins. Je tenais, à travers ce bout de papier, ce morceau de feuille arrachée, comme une partie de moi, un bout de mon cœur, de ma dignité que vous m’ôtiez quand vous m’insultiez à vous dire le fond de mes pensées : et oui ça vous étonne la négresse à la peau sombre sait tenir un stylo et aligner des mots. Sachez que la négresse a la peau sombre et les idées claires et qu’elle n’a pas d’accent. Premièrement, parce que je suis-je suis née ici en France comme vous. Alors pourquoi me rejetez-vous ? La France est un peu mon pays d’adoption, elle m’a nourrie, éduquée comme vous. Alors pourquoi essayez-vous de me faire croire que ma place n’est pas ici ? Parmi vous les blancs ? Ne sommes-nous tous pas égaux ? Sortis des entrailles de nos mères n’avons-nous pas tous marché sur quatre pattes au matin de nos vies ? Quelle est la différence entre nous à part une couleur ? Je défendrai ma cause et réussirai autant qu’une blanche peut le faire. »
C’est donc sur le parvis de la mairie de Cenon qu’ Alain David, Maire et Karfa Diallo Président du mémorial de la traite des Noirs ont accueilli les participants à la cérémonie de cette 9ème commémoration sur le parvis de l’hôtel de ville.
Au milieu des personnalités officielles; Michel Delpuech, Préfet d’Aquitaine, Malick Ndiaye, Ministre-Conseiller du Sénégal,  Michèle Delaunay, Députée  de la Gironde,  Mbaye Lo Tall, Consul Général du Sénégal à Bordeaux, Thomas Wolf, Consul Général des USA à Bordeaux,  Olivier Dugrip, Recteur de l’Académie de Bordeaux…  et Marie Laure Piroth, et six de ses élèves. Ce petit groupe motivé a travaillé son intervention dans le cadre  d’un projet au long cours, labellisé par l’UNESCO : Ecoles du monde sur la Route de l’esclave, en partenariat avec le Musée Victor Scoelcher de la Guadeloupe

Des mots d’Aimé Césaire dans le discours d’Alain David :  Extraits
« Mes premiers mots sont extraits du discours prononcé le 21 juillet 1945 par Aimé Césaire à l’occasion de la fête traditionnelle dite de Victor Schoelcher.
« Le 27 avril 1848, un peuple qui depuis des siècles piétinait sur les degrés de l’ombre, un peuple que depuis des siècles le fouet maintenait dans les fosses de l’histoire, un peuple torturé depuis des siècles, un peuple humilié depuis des siècles, un peuple à qui on avait volé son pays, ses dieux, sa culture, un peuple à qui ses bourreaux tentaient de ravir jusqu’au nom d’homme, ce peuple-là, le 27 avril 1848, par la grâce de Victor Schoelcher et la volonté du peuple français, rompait ses chaînes et au prometteur soleil d’un printemps inouï, faisait irruption sur la grande scène du monde.
Et voici la merveille, ce qu’on leur offrait à ces hommes montés de l’abîme ce n’était pas une liberté diminuée ; ce n’était pas un droit parcellaire ; on ne leur offrait pas de stage ; on ne les mettait pas en observation, on leur disait : “Mes amis il y a depuis trop longtemps une place vide aux assises de l’humanité. C’est la vôtre.”
Et du premier coup, on nous offrait toute la liberté, tous les droits, tous les devoirs, toute la lumière. Eh bien la voilà, l’œuvre de Victor Schoelcher. L’œuvre de Schoelcher, ce sont des milliers d’hommes noirs se précipitant aux écoles, se précipitant aux urnes, se précipitant aux champs de bataille, ce sont des milliers d’hommes noirs accourant partout où la bataille est de l’homme ou de la pensée et montrant, afin que nul n’en ignore, que ni l’intelligence ni le courage ni l’honneur ne sont le monopole d’une race élue. […]
Je forme le vœux que cette mise en commun des récits et des mémoires permette à tous les héritiers de cette histoire d’extirper les causes profondes du racisme et d’agir contre toutes les formes d’asservissement et ainsi de ne jamais oublier notre devise Liberté, Egalité, Fraternité… »

Des mots de Jean de la Ville de Mirmont ont refermé le discours de Karfa Diallo :
« …Garantissons et promouvons notre héritage pluriel. Résistons à toutes les formes d’exclusion et de discriminations. Edifions d’innovantes solidarités. Comme celles que chantait le jeune poète bordelais, Jean de la Ville de Mirmont, tombé sur le front de la 1ère guerre mondiale le 28 novembre 1914 à Verneuil sur le Chemin des Dames :
« La mer vous a rendus à votre destinée,
Au-delà du rivage où s’arrêtent nos pas.
Nous ne pouvions garder vos âmes enchaînées ;
Il vous faut des lointains que je ne connais pas.
Je suis de ceux dont les désirs sont sur la terre.
Le souffle qui vous grise emplit mon cœur d’effroi,
Mais votre appel, au fond des soirs, me désespère,
Car j’ai de grands départs inassouvis en moi. »

DISCOURS DE MICHEL DELPUECH, PRÉFET D’AQUITAINE

Discours de Michel Delpuech, Préfet de la région Aquitaine : extraits
 » … Nous songeons aux souffrances endurées, aux déportations brutales, aux humiliations subies, aux violences infligées et à la cohorte innombrables des morts anonymes. Et nous disons qu’il est juste et nécessaire de ne pas oublier, occulter cette douloureuse réalité. Mais ce n’est pas seulement ces blessures profondes que la République veut rappeler aujourd’hui. Dans le même temps nous honorons la longue lutte qui a permis d’abolir la traite et l’esclavage. Nous en honorons les acteurs, célèbres ou inconnus, humanistes blancs ou esclaves noirs. Leur combat plus que tout autre a illustré la quintessence de notre devise, Liberté, égalité, fraternité….
Avec cette journée du 10 mai, notre pays assume son histoire dans une mémoire partagée. L’ignorance ou la négation d’une part de la mémoire nationale est source de souffrance. La concurrence des mémoires si on l’attise est source de division, voire de haine. Mais le partage des mémoires, dans la diversité des regards portés sur une même histoire, avec ses zones d’ombres et ses traits de soleil, ce partage fait œuvre d’unité et de cohésion. C’est le sens de cette journée de commémoration… »

En écho aux textes et discours, aux voix des jeunes et à celles des poètes, il y eut des fleurs déposées en gerbes, un silence partagé puis la musique et le chant : « Laisse aller mon peuple / let my people go».

Interprété par Franck, Herman et Gislain, musiciens et chanteur de la chorale de Gospel Ntoyigospel,  « Go down Moses », ce chant d’espoir fut doucement repris par toute l’assemblée.

Une altière « Liberté noire guidant le peuple », tableau de la jeune artiste Anouk Goulière, réinterprétation tonique du tableau d’Eugène Delacroix, colorait le lieu de la cérémonie.

art.1 « La République française reconnaît que la traite négrière transatlantique ainsi que la traite dans l’océan Indien d’une part, et l’esclavage d’autre part, perpétrés à partir du xve siècle, aux Amériques et aux Caraïbes, dans l’océan Indien et en Europe contre les populations africaines, amérindiennes, malgaches et indiennes constituent un crime contre l’humanité ».

*Le 10 mai est la « journée nationale des mémoires de la traite, de l’esclavage et de leur abolition » depuis 2006.
Cette journée nationale a été choisie sur proposition du comité pour la mémoire de l’esclavage (rapport 2005).
Ainsi que l’indiquait le Président de la République dans son allocution du 30 janvier 2006, le 10 mai « honore le souvenir des esclaves et commémore l’abolition de l’esclavage ».
La France est le premier Etat et demeure le seul qui à ce jour ait déclaré la traite négrière et l’esclavage « crime contre l’humanité », elle est également le seul Etat à avoir décrété une journée nationale de commémoration. Le 10 mai évoque la déclaration de Louis Delgrès en 1802 et marque aussi le jour de l’adoption à l’unanimité par le Sénat, en deuxième et dernière lecture de la loi de 2001, rapportée par Christiane Taubira, reconnaissant la traite et l’esclavage comme un crime contre l’humanité.

APRES-MIDI DE LA LIBERTE, Rocher de Palmer, 13h-19h

DANSE COLOMBIENNE CRÉOLISÉE

La 9 ème journée de commémoration de la traite des Noirs de l’esclavage et de leurs abolition se poursuivait au Rocher et Palmer. Moi, je ne suis pas Canell’ mais Estina.  Canell’ m’a passé le relais pour « l’ après-midi de la liberté »,  entièrement investi par des femmes puissantes.Brillantes, inspirées, généreuses, déterminées… Des femmes debout dans la vie, en résistance, chacune à sa façon contre tout ce qui entrave, méprise, humilie… Un après-midi que j’aurais aimé prolonger infiniment… Alors, pour le faire durer, ce billet pour partager mes sensations, mes souvenirs et quelques liens…

Sieste musicale: musiciennes en résistance

Les yeux mi clos, lovée dans un transat de la cabane du monde, dans une demi pénombre, en compagnie de quelques autres amateurs de siestes musicales… Je me laisse guider par la voix de Patrick Labesse qui nous embarque dans un périple musical de l’île de la Réunion à celles de Trinidad et Tobago, en passant par Madagascar, plusieurs pays d’Afrique et des Amériques, les îles Carailbes…  Chaque escale est une femme musicienne, combattante de la liberté de vivre sa vie et de jouer sa musique.

Christine Salem,  Lala Njava, , Charlezia, Faytinga, Stella Siwéché, Miryam Makeba, Sally Miolo, Oumou Sangaré, Sayon Bamba, Angélique Kidjo, Susana Baca, « Toto » Bissainthe, Calypso Rose… J’en oublie… Les yeux fermés, je n’ai pas pris de notes !
Quelques explications qui contextualisent, des informations sur l’histoire, la personnalité de chaque musicienne, des descriptions d’instruments, de leurs musiques, des bribes de traductions de leurs lyrics, quelques anecdotes… Entre chaque morceaux, Patrick Labesse partage son savoir.
Je sort de cette sieste vibrante comme les cordes d’une m’bira…

Je passe chercher Francette ( 89 ans de passion pour la vie, les arts et l’humanité dans toute sa diversité ).
Nous nous installons au premier rang du Salon des musiques pour la  suite du programme.

4 femmes pour parler des résistances des femmes noires de l’esclavage à nos jours.

4 femmes d’expériences, de compétences, d’éloquence, de connaissances
Extraits grappillés à la volée…

Fabienne Kanor, écrivaine et réalisatrice :
« Il y eut des maronnes qui se sont échappés de l’univers plantationaire , s’évadant de l’esclavage. Il y eut des actes de liberté comme celui, immense, de ces quatorze femmes, se hissant au dessus de la dunette d’un bateau négrier et se jetant à l’eau ensemble, dès le premier soir.

Dominique Deblaine, universitaire et écrivaine :
Ce qui me révolte, c’est que la condition des femmes de toutes les couleurs avance si lentement. Les rapports entre hommes et femmes sont durs. des regards violent, des regards font des enfants dans le dos… le passé est omniprésent . L’esclave choisie par le maître où comment l’Histoire peut expliquer ce regard truqué sur la femme noire…

Maïmouna Coulibaly, médecin gynécologue,
Des regards filtrés par les préjugés et qui, dans sa salle d’attente, s’obstinent à l’identifier à la secrétaire alors que c’est elle le médecin.
Elle nous dessine deux portraits de femmes rencontrées dans mon cabinet.
Jeanne , 48 ans, 3ème compagne d’un homme, mère d’un fils majeur et travaillant comme secrétaire. Elle migre en France en 2007, y fait son chemin, s’y marie pour pouvoir y rester. Jeanne trouve un bon équilibre dans cette vie qu’elle s’est choisie, avec son mari.
Thérèse, 27 ans, célibataire, deux enfants sans père, femme de ménage chez des occidentaux. Elle migre avec ses deux enfants via un réseau. En France, elle est trompée par un homme qui lui fait un 3ème enfant et la quitte. À Bordeaux, elle retrouve… Le père de ses deux premiers enfants !!! Elle s’installe avec lui et construit une nouvelle vie ici.
2 femmes prenant une décision radicale et dangereuse. Quitter leur pays, leur famille pour s’accomplir ailleurs, ici. Et elles y parviennent.

Seynabou Gueye, docteur en anthropologie sociale et culturelle a consacré sa thèse à la violence conjugale entre femmes noires et homme blancs, en couple « domino ». Avec l’outil théorique de  « l’intersectionnalité »*,  elle a analysé  comment, quand les couples dysfonctionnent, une double peine s’abat sur la femme, car femme ET Noire. Inlassablement obligée de faire la preuve de son intelligence.
Exerçant la profession d’éducatrice spécialisée, Seynabou Gueye s’est, elle aussi, trouvée piégée dans ces regards truqués; considérée par des juges et des assistantes sociales comme la mère de jeunes et d’enfants en détresse qu’elle accompagnait en tant que professionnelle.

Ces quatre femmes puissantes et Isabelle Kanor, l’animatrice de la table-ronde,  ont rendu hommage à d’autres qui les ont inspirées, stimulées, encouragées: Sojourner Truth, abolitionniste noire américaine, née de parents esclaves dans l’État de New York au milieu du XIXème siècle, la mulâtresse Solitude, figure historique de la résistance des esclaves noirs à la Guadeloupe, au côté de Louis Delgrès , Simone et André Schwarz-Bart, splendide couple mixte d’écrivain-es, liant cultures antillaise et juive,  Christiane Taubira, et ses « Paroles de liberté »…

« Poétique du divers »*

Ce jour là, dans le Salon des musiques du Rocher, les artistes présentes incarnaient avec puissance et poésie la créolisation*, une des notions clé de l’oeuvre d’Edouard Glissant.

PERRINE FIFADJI- « Je suis chanteuse, pas « chanteuse africaine », chanteuse ! Mais j’aime faire entendre plusieurs voix en moi ! Et mon chant vient de tout le corps, de mes pieds jusqu’au bout de mon crâne…

Suprême Perrine Fifadji, qui debout face au micro, danse son chant, griot & gospel, de toutes les nuances de ses muscles, de sa chair, de ses mondes. A la fois dense et fluide.

KAROLINA DIAS REYES, originaire de Colombie raconte comment dans son pays se sont mélangés les tambours africains, les flûtes indiennes, les chants et costumes espagnols pour créer une foisonnante culture créolisée. Avec ses deux autres danseurs, elle interprète avec fougue des danses chantées comme le bullerenque. Karolina invite le public à s’intéresser aux musiques de la côte ouest de la Colombie. Et à écouter sans modération l’immense Toto la Monposina dont  Gabriel Garcia Marquez, son ami et Prix Nobel de littérature, disait d’elle: « Toto incarne la Colombie avec ses métissages musicaux et sa joyeuse spiritualité».

PATRICIA GRANGE- hiératique vestale d’une cérémonie de poésie frontale. Seule, debout, face à nous, elle expire ses mots, inspire ses silences. Jouant d’instruments ancestraux, elle ponctue la progression du poème avec des sons qui parlent d’autres langues. « Ventres, sons creux » est une affirmation pleine de promesses, de sagesse, de jeunesse et de courage aussi. Une belle affirmation d’une féminité pleinement habitée. Grand poème, accompagné dans sa version imprimée, par les dessins de Maya Mihindou.

VERONIQUE KANOR-  elle nous tourne le dos, fine silhouette dressée en contre-jour sur un côté de la scène. Elle nous tourne le dos pour laisser toute la place aux images et tout l’espace à son « flow ».

« Sur scène, deux écrans géants sont levés : photos et fragments filmiques s’y jettent et ricochent. Face à mes images, je me dresse-debout pour dire l’errance d’une femme en vrac qui cherche à faire peuple avec son pays prénatal : une Martinique elle aussi en chipongtong. »

« Solitudes Martinique » est la version « pict-dub-poetry de son récit « Combien de solitudes… » édité chez Présence Africaine. Elle le « slame » et nous emporte dans la coulée de sa lave. Sa performance immerge puis galvanise quand y surgit la grève de février 2009 dans l’île, contre la «profitation». Son poing se dresse. Son flow tempête…

CHANTAL CONSTANT- conteuse virtuose et chaleureuse nous téléporte ensuite sur la grande île rouge de Madagascar et nous enchante avec un conte somptueux où la persévérance d’un amour infini humanise la mort qui… ne demandait que ça !

Et c’est bien la vie, jaillissant des plus sombres ténèbres de l’esclavage qui irrigue les spirituals et gospels interprétés avec une joyeuse ferveur par le groupe Ntoyigospel. Cette allégresse contagieuse se propageant dans le public et entrainant toutes les intervenantes, artistes et organisateurs dans un swing bienfaisant.

J’aurais bien voulu acheter tous les livres en présentation. Pendant que Francette discutait en espagnol avec Karolina ou parlait jazz avec Véronique Kanor, je me suis fait dédicacer les 2 poèmes que j’ai adorés et j’ai passé un bon moment avec les visages « African Queen » d’ Anouk Goulière, . Le noir vibre vraiment de toutes les couleurs…

J’aurais voulu aussi  rassembler ici plus de liens. A vous de les trouver pour faite plus pleine connaissance avec ces artistes, ces écrivaines, ces penseuses, ces poètes du « tout monde ».

Bravo et respect  à la Fondation du mémorial de la traite des Noirs, à Karfa Diallo, son Président, à Isabelle Kanor, coordinatrice de l’après midi de la liberté et toutes et celles et ceux qui ont contribué à sa réussite

Lala Njava : https://www.youtube.com/watch?v=0GdcWGz2a2I  Charlezia:https://www.youtube.com/watch?v=T-iJ6YgEcHU / Stella Chiweshe:https://www.youtube.com/watch?v=UovGHFZUIW8 / Myriam Makeba    https://www.youtube.com/watch?v=E0Oj6ScoL_M  / Sayon Bamba https://www.youtube.com/watch?v=MxiqZlU_ft0 et http://www.youtube.com/watch?v=1chxb2PLnbI

*L’intersectionnalité (de l’anglais intersectionality) est une notion employée en sociologie et en réflexion politique, qui désigne la situation de personnes subissant simultanément plusieurs formes de domination ou de discrimination dans une société. Le terme a été forgé par l’universitaire féministe américaine Kimberlé Crenshaw.
* »La créolisation est la mise en contact de plusieurs cultures ou au moins de plusieurs éléments de cultures distinctes, dans un endroit du monde, avec pour résultante une donnée nouvelle, totalement imprévisible par rapport à la somme ou à la simple synthèse de ces éléments.(cf: Edouard Glissant « Traité du Tout-Monde »). https://www.edouardglissant.fr/creolisation.html

Retrouver l’article original sur le blog du service communication de la ville de Cenonhttps://canell.ville-cenon.fr/index.php/timeline/10-mai-femmes-noires-resistances/#more-2508

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