Mouvement d’éducation populaire à la mémoire partagée depuis 1998

BORDEAUX – BAYONNE – DAKAR – LA ROCHELLE – LE HAVRE – PARIS

PREMIÈRE VICTOIRE- Nantes décide de réparer l’injustice des rues de négriers

Olivier Chateau, adjoint au patrimoine Ville de Nantes, Olivier Absalon, directeur du Patrimoine et de l’Archéologie Nantes métropole, Karfa Diallo, directeur de M&P et Jean-Eric Francoeur, sécrétaire général de M&P

Depuis 2009, Mémoires & Partages parcourt les anciens ports négriers Français pour plaidoyer en faveur de la réparation de la signalétique urbaine* honorant des négriers et esclavagistes.

Communiqué de presse, 26 janvier 2018

De Bordeaux à Marseille en passant par La Rochelle, Le Havre et Nantes, une délégation de Mémoires & Partages est allée régulièrement à la rencontre des élus et des résidents des villes concernées.

Suite à l’opération #expliquetaruedenegrier*, lancée le 7 décembre à la Rochelle, des déplacements et rencontres nous ont conduits au Havre et à Nantes.

Le 18 janvier, une rencontre s’est tenue à Nantes avec la mairie de Johanna Rolland. Ainsi, la Ville de Nantes vient d’annoncer sa décision d’édifier sur les rues de négriers « des panneaux physiques expliquant le nom des rues» selon Olivier Château (PS), adjoint au maire en charge du patrimoine.

Pour Karfa Sira Diallo, fondateur-directeur de Mémoires & Partages,  « Cette première victoire est un encouragement. Après presque 10 ans, enfin une mairie décide de réparer 170 ans d’injustice. Le refoulement de la mémoire de l’esclavage dans l’espace public dans l’actualité et les tensions qu’elle suscite obligent au courage et à la responsabilité.

Toute notre reconnaissance à la ville de Nantes qui reconnait et récompense l’investissement et les sacrifices de la société civile et démontre encore une fois sa tradition d’humanisme. Nos remerciements, pour son accueil et son soutien, à l’association Nantaise Flam Africa dirigée par Alassane Guissé, conseiller municipal de la ville.

A La Rochelle, au Havre et aux autres villes de suivre ce mouvement de mémoire, de conscience et de lutte contre les inégalités. »

Les citoyens, résidents ou non des rues concernées, sont invités à envoyer le courrier ci-dessous à leur municipalité.*

Prochaine étape de la campagne : Bordeaux, 19 février à 11h sur la Place Lainé (ministre, député et propriétaire de captifs africains à Haïti)


*RUES DE NEGRIERS

Bordeaux: rue Baour, Cours Balguerie, Cours Portal, rue Saige, rue David Gradis, rue Gramont, Pl Lainé, rue de la Béchade, rue Bethman, rue Desse, Place Mareilhac, Cours Journu-Auber, Passage Sarget, Passage Féger, Place Ravezies, rue Daniel Guestier, Place John Lewis Brown, rue De Kater, Place Johnston, rue Fonfréde, rue Baour et la rue Colbert.

Nantes: rue Grou, rue Leroy, imp Baudoin, Chemin Bernier, rue Berthelot, Avenue Bourgaud-Ducoudray, Avenue Guillon, rue Fosse, rue Terrien, Avenue Millet et la rue Colbert.

Le Havre: rue Masurier, rue Begouen,  rue Boulongne, rue Eyrier, rue Massieu et la rue Colbert.

La Rochelle: Avenue Belin, Square Rasteau, rue Fleuriau, rue Admirault, rue Giraudeau et la rue Colbert

Marseille : rue Roux de Corse, Avenue Solier, Rue Etienne Marchand, Allée de la Maurelette, Avenue de la Serane

*LE HASHTAG #expliquetaruedenegrier vise d’abord à faire respecter la loi. A créer une conscience vive des droits humains dans l’espace public, espace démocratique par excellence.

Le geste le plus efficace est de donner du sens à ces lieux par l’apposition de panneaux explicatifs dans les rues concernées. Ainsi nul n’oublierait le crime et il serait indiqué pourquoi on honore la personne éponyme, mais également cela montrerait le respect dû à la mémoire des victimes de ce crime contre l’humanité et des combattants de la liberté.

*COMMENT PARTICIPER?

Si vous voulez participer, à la campagne, copier et envoyer le courrier ci-dessous, par mail ou papier, à votre maire.

Sur la photo: Olivier Chateau, adjoint au patrimoine Ville de Nantes, Olivier Absalon, directeur du Patrimoine et de l’Archéologie Nantes métropole, Karfa Diallo, directeur de M&P et Jean-Eric Francoeur, sécrétaire général de M&P


LETTRE TYPE PLAIDOYER POUR UNE SIGNALÉTIQUE RESPECTUEUSE DES DROITS HUMAINS

(……………….………ville……………….…….), le 26 janvier 2018.

Madame la maire / Monsieur le maire,

OBJET: Plaidoyer pour des panneaux explicatifs sur les rues de négriers et d’esclavagistes

Comme l’a reconnu à l’unanimité la loi du 10 mai 2001, l’esclavage et la traite des noirs étaient et restent des crimes contre l’Humanité. Pourtant, dans notre ville de …………, qui a pourtant mis en place de nombreuses actions pédagogiques autour de cette mémoire, les autorités laissent malgré tout persister des honneurs rendus aux négriers sous forme de nom de rues, de places et d’établissements.

Sensibilisé sur cette question par la campagne #expliquetaruedenégrier de l’association Mémoires & Partages, je m’adresse à vous pour demander que la ville se saisisse de cette problématique, et qu’un débat public soit ouvert sur ces honneurs générateurs de haine et de souffrances. Récemment la ville de New York a formé une commission pour les recenser et évaluer les actions à suivre.

Pour ma part, la moindre des réparations que l’on puisse exiger pour les victimes serait l’ajout, à des lieux bien choisis, de quelques plaques explicatives dans ces rues, pour rappeler la complexité de ces personnages éponymes. En effet, si ceux-ci ont souvent joué un rôle important pour la cité, raison pour laquelle ils passent à la postérité, ce sont également des criminels au regard de l’Humanité. Pourquoi dès lors ne pas profiter de cette occasion pour raconter cette histoire complexe et terrible ?

De plus, les livres et les musées, malgré leur nécessité, peuvent donner l’impression d’enfermer la mémoire des victimes l’esclavage, quand celle de leurs bourreaux s’affichent à jamais sur l’espace public, lieu de partage démocratique par excellence. Ce déséquilibre mémoriel, alors même qu’à titre de comparaison les rues Pétain sont toutes débaptisées, engendre des frustrations sur lesquelles certains n’hésiteront pas à jouer pour chercher à radicaliser des individus.

Aussi, pour que la mémoire des victimes puisse être vraiment honorée dans le quotidien de tous, sans avoir à attendre les commémorations du 10 mai ou les expositions, je souhaite que la mairie s’engage dans une démarche courageuse de mise à disposition visible d’explications concernant les aspects sombres (et plus uniquement les qualités) de certaines personnalités honorées sur l’espace public, afin que la signalétique urbaine retrouve plus de sens et d’humanité.

Vous remerciant de l’attention que vous voudrez bien accorder à ma demande, je vous prie d’agréer, Madame la maire / Monsieur le maire, l’expression de ma haute considération.

Une réponse

  1. Enfin une reconnaissance de ce lourd passé à Nantes ! Espérons que vous arriverez à convaincre les autres hypocrites qui n’assument pas et particulièrement Bordeaux !!! Nous attendons l’action du 19 février dans cette ville qui n’assume pas beaucoup de choses…

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *