Mouvement d’éducation populaire à la mémoire partagée depuis 1998

BORDEAUX – BAYONNE – DAKAR – LA ROCHELLE – LE HAVRE – PARIS

DÉGRADATION DE LA STATUE DE AL POUESSI – Faire la lumière et sanctuariser le lieu de mémoire !

COMMUNIQUÉ- La statue de l’esclave Al Pouessi – Modeste Testas (1765-1870), inaugurée en mai 2019 sur les quais de la Garonne, a été découverte hier matin souillée de peinture blanche.

Cette statue, et la plupart des monuments de reconnaissance de la mémoire du racisme antinoir sur l’espace public bordelais, est le fruit d’un long combat de notre association pour faire connaître et reconnaître la traite des noirs et l’esclavage qualifiés de crimes contre l’humanité par la loi.

Occultée, invisibilisée et « blanchie » pendant des siècles, la mémoire de l’esclavage fait de plus en plus l’objet, à Bordeaux et sa région, d’une appropriation institutionnelle par l’érection de lieux de mémoire mais aussi d’outils d’éducation et de partage.

Revendiquée par notre association comme lieu de mémoire, de recueillement et de partage, cette statue d’une femme noire haïtienne, esclave sexuelle d’un  négrier bordelais du 18e siècle, a été, dès son inauguration, scénarisée d’une façon qui la présente comme une décoration ou un ornement livrés aux familiarités incessantes du nombreux public des quais de Bordeaux.

Après un premier moment d’effroi où on a pensé à l’acte raciste, il semblerait que son auteur soit un étudiant de l’école des Beaux-Arts qui affirme « mener un travail sur l’héritage colonial et esclavagiste » de Bordeaux. Selon le média en ligne Rue89, qui l’a interviewé, l’étudiant, qui préfère garder l’anonymat, déclare avoir voulu reproduire le buste de la statue de Modeste Testas « pour la rendre plus visible ».

Cet acte nauséabond, dans son intention comme dans les formes de sa réalisation qui rappellent les épisodes les plus sombres de l’effacement de cette mémoire, démontre s’il en était besoin à la fois la faible conscience de l’importance de la mémoire de ce crime contre l’humanité et le manque de signalisation municipale permettant de faire suffisamment ressortir le sens de ce lieu de mémoire dans une ville qui fut le premier port colonial français et qui a persisté dans son amnésie pendant très longtemps. On ose à peine imaginer un tel acte à l’endroit d’autres lieux de mémoire de crimes contre l’humanité !

Devant l’ampleur des indignations légitimes qui ont succédé à cet acte inqualifiable, Mémoires & Partages tient à partager cinq messages :

1-Patrick SERRES son Président et Karfa DIALLO son fondateur et directeur condamnent cet acte délibérément irrespectueux de la dimension politique et symbolique de l’œuvre, une légèreté inadmissible et dont il est nécessaire de faire la lumière.

2-La ville de Bordeaux a porté plainte contre X et a nettoyé la statue commémorative nous nous en félicitons mais pour autant, la société civile elle ne peut rester sans réaction face à cet acte dégradant.

3-Mémoires & Partages maintient sa plainte contre l’auteur de cette dégradation car nous sommes là en présence d’un délit, malgré le caractère « artistique» avancé par l’auteur mais aussi parce qu’il est important de comprendre les motivations de l’acte.

4-Mémoires & Partages invite la ville de Bordeaux à renforcer la sanctuarisation de cette statue par une signalétique et une délimitation suffisamment informatives sur le sens de ce lieu de mémoire

5-Devant l’insuffisance manifeste de la politique publique mémorielle, Mémoires & Partages invite la ville de Bordeaux à soutenir le projet d’un lieu spécifique dédié à cette histoire, une Maison contre les esclavages, pour laquelle nous nous investissons, comme digue contre l’ignorance et pour le partage.

2 réponses

  1. L’argument présenté par l’intermédiaire de Rue 89 – peut-être le commanditaire – ne tient absolument pas. Le choix délibéré engage la responsabilité à visée purement raciste de l’auteur de cet acte. Quand son « travail universitaire » sera présenté à son professeur, qu’il vienne en faire un compte rendu public ou par l’intermédiaire de Rue 89 ; alors on le croira. Combien de statues de l’espace public français ont été l’objet d’une telle expérience se voulant artistique et universitaire ? On habille le racisme ordinaire de tous les parfums que l’on veut. C’est bien facile quand on est dans le camp de la majorité et que l’on jouit de beaucoup de bienveillance des autorités publiques.

  2. C’est un acte abjecte et dégradant ! Il n’y a aucune intention artistique dans cette action ! C’est la lâcheté et l’incapacité à justifier ce geste qui ont inspiré ce commentaire à son misérable auteur. Pitoyable pantin !

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