Les Journées de la mémoire des résistances contre l’esclavage colonial 2025 sont placées sous le label du Centenaire de Frantz Fanon. Né en 1925, l’oeuvre du psychiatre Martiniquais et du penseur Algérien a été brisée dans son élan au milieu des mouvements anticolonialistes.
Pourtant, malgré sa disparition précoce, sa pensée continue d’être l’objet de violentes controverses scientifiques et politiques.
En 2019, les injonctions de l’extrême droite qui vilipende le combat de Fanon pour l’indépendance algérienne font renoncer le maire de Bordeaux Alain Juppé dont le conseil municipal avait pourtant décidé de baptiser une ruelle au nom du penseur martiniquais. Des internautes, des sympathisants du Rassemblement national (ex-FN), des anciens pieds-noirs d’Algérie ont dénoncé un hommage déplacé. En cause, les liens qui unissaient Frantz Fanon et le Front de libération nationale (FLN), parti politique algérien créé en 1954 pour obtenir de la France l’indépendance de l’Algérie.
Au sein de ce nouveau millénaire et à la lumière de la résurgence de la colonisation, des statuts décoloniaux et de la banalisation du discours raciste, le réseau Mémoires & Partages propose de revenir sur l’actualité de sa conception du racisme où se rejoignent encore une fois l’individuel et le collectif, le patient et l’histoire.
A l’heure où le racisme biologique a cédé la place au racisme culturel, le centenaire de Frantz Fanon est une opportunité de revenir sur sa conception du combat médical indissociable de la lutte contre l’oppression.
Pour comprendre ce que le racisme produit comme effets psychologiques, pour réfléchir sur la violente et profonde inégalité qui parcourt notre monde, les écrits de Fanon restent d’une actualité si brûlante qu’ils sont souvent lus comme des prophéties. Qu’il s’agisse de violences policières contre les Noirs aux États-Unis ou en France, ou encore de la terreur qui s’abat sur les Palestiniens à Gaza, une citation de Fanon n’est jamais très loin.
Pour le réseau Mémoires & Partages, célébrer le centenaire de Frantz Fanon, c’est d’abord honorer son combat pour la justice et l’égalité dans un monde encore marqué par les discriminations. Mais c’est aussi réparer l’insupportable affront que Bordeaux, par l’intermédiaire de son maire de l’époque, lui a fait.
Homme de rupture, Fanon a déplacé les lignes en inscrivant son œuvre dans la jonction du somatique et du psychique, de la structure et de l’histoire. Il s’agit de rendre compte du caractère indissociable du travail de Fanon, d’inscrire cet ensemble dans son époque et de le situer dans la nôtre.
Lectures et tables-ronde vont jalonner le mois de Mai des Mémoires de l’esclavage colonial à Bordeaux et à Paris, en partenariat avec Darwin et le Consulat Voltaire.
PROGRAMME DU CENTENAIRE DE FRANTZ FANON A BORDEAUX
Mois des mémoires de l’esclavage colonial
SAMEDI 10 MAI A 11H30 : FLASH MOB POUR UNE MAISON ESCLAVAGES & RÉSISTANCES
Place de la Comédie (devant le Grand-Théâtre, BORDEAUX)
Lancement de la Grande Consultation Citoyenne pour rendre compte de la Mission de Préfiguration pour une Maison Esclavages & Résistances lancée par la Ville de Bordeaux en 2022.
Tout au long de l’année 2025, en attendant « le diagnostic » de la municipalité, des rencontres seront organisées régulièrement dans tous les quartiers de Bordeaux.
SAMEDI 17 MAI A 16H : L’HÉRITAGE DE FRANTZ FANON AUJOURD’HUI
Les Chantiers de la Garonne, 21 quai des Queyries (rive droite, bordure Garonne, BORDEAUX)
Parce que l’Algérie n’a été sa patrie d’adoption que parce qu’elle lui rappelait aussi la situation coloniale de sa Martinique natale, Frantz Fanon n’a cessé d’interroger les images et stéréotypes dans leur impact social, culturel et politique.
- Marie-France Malonga, sociologue des médias, docteure en sciences de l’information et de la communication, spécialiste des représentations sociales et médiatiques des minorités.
- Benaouda Lebdai, spécialiste de littératures coloniales et postcoloniales et professeur des Universités en Algérie et à l’université d’Angers en France.
LECTURES PUBLIQUES de « Peau noire, masques blancs » et « Les Damnés de la terre »
Par des comédiens et par des citoyens bordelais
VENDREDI 30 MAI A 18H : L’AVENIR DU PROCÉS DE LA NÉGRESSE DE BIARRITZ
Au Consulat Voltaire, 14 Ave Parmentier, 75011 PARIS
Parce que Frantz Fanon a pensé la violence construite historiquement par le phénotype noir, il importe d’actualiser sa pensée à l’aune de cette affaire judiciaire antiraciste emblématique des héritages de l’histoire coloniale française.
TABLE-RONDE AVEC :
- William Bourdon, avocat et fondateur du Cabinet Bourdon & Associés
- Karfa Diallo, fondateur-directeur de Mémoires & Partages
- Philippe Barre, fondateur de Darwin
LECTURES PUBLIQUES de « Peau noire, masques blancs » et « Les Damnés de la terre »
