Le 27 avril prochain, le Sénégal devrait commémorer le souvenir de la traite des noirs et de l’esclavage, comme l’a prévu la loi du 25 mars 2010. Au conditionnel, puisque, depuis le vote historique de la première loi en Afrique déclarant la traite des noirs et l’esclavage crimes contre l’humanité, l’Etat sénégalais n’a pas brillé par un intérêt quelconque pour cette commémoration.
Karfa Diallo, fondateur-directeur du réseau Mémoires & Partages, par une lettre en date du 19 avril 2024, invite le Président de la République Bassirou Diomaye Faye à réparer l’oubli dans lequel son prédécesseur Macky Sall a tenu la commémoration de l’esclavage des noirs.
C’est suite à une campagne africaine de Mémoires & Partages en 2010 que le Sénat sénégalais, lors du cinquantenaire de l’indépendance du Sénégal, a voté la première et unique loi africaine qui déclare la traite et l’esclavage des noirs crimes contre l’humanité et a institué le 27 avril comme journée nationale de commémoration des résistances pour l’abolition de la traite des noirs et de l’esclavage.
L’ancien président Abdoulaye Wade, qui a reçu notre initiative et soutenu cette législation dira en 2010 que la décennie de l’alternance est marquée par trois lois : « la loi contre la peine de mort, la loi sur la parité et la loi déclarant la traite des noirs crime contre l’humanité».
Depuis le 27 avril 2010 et l’instauration de la Journée nationale des mémoires de la traite, de l’esclavage et de leur abolition, la ville de Dakar a accueilli quelques initiatives : une cérémonie commémorative à l’hôtel de ville, ainsi que des rencontres réunissant établissements scolaires, universitaires et activistes. Le rapport du Sénégal vis-à-vis de l’histoire de l’esclavage colonial et de ses conséquences s’est approfondi, même si l’absence d’implication de l’État sénégalais dans ce devoir de mémoire choque choque de nombreux citoyens d’ici et d’ailleurs.
L’ancien président, Macky Sall, par son refus de commémorer pendant tout son mandat le souvenir de ce crime contre l’humanité, s’est inscrit hors de l’histoire. Lorsque l’on viole les lois de la mémoire, elles se vengent. Il est passé et la loi demeure attendant d’être appliquée. Il a fallu attendre douze ans. C’est si long douze ans ! Mais quatre siècles de traite négrière le valaient bien.
Karfa Diallo interpelle le Président Bassirou Diomaye Faye : « Aujourd’hui que le peuple sénégalais, souverainement, a élu un président plus conscient de la nécessité de respecter la mémoire de millions de victimes et de résistants contre l’esclavage, la colonisation, pour la liberté et la justice, nous plaçons une grande espérance dans la politique mémorielle de l’Etat sénégalais. Je suis persuadé que cette mémoire doit aller au-delà de la seule exploitation touristique dont elle fait l’objet. Le Sénégal n’ayant jamais raté ses rendez-vous mémoriels avec l’Afrique et sa diaspora, je dois vous faire part de ma profonde déception, pour ne pas dire une vraie colère face au mépris des autorités sénégalaises qui vous ont précédé. Alors que vous avez, Monsieur le Président, clairement exprimé votre volonté de donner un tournant panafricaniste à votre mandat, il me paraissait important de vous alerter sur l’existence de cette loi et de cette journée commémorative du 27 avril porteuse de tant d’espérances de reconnaissance, d’affirmation et de réparation», a commenté le fondateur du réseau Mémoires & Partages, né à Bordeaux, présent dans 5 villes françaises et qui est aussi basé à Dakar depuis 2010.
Dakar, 19 avril 2024, Le réseau Mémoires & Partages
LIRE LA LETTRE OUVERTE COMPLETE DE KARFA DIALLO AU PRESIDENT DU SENEGAL BASSIROU DIOMAYE FAYE : https://mailchi.mp/3344263f2871/infos-de-mars-17384161