C’est en profitant de 170 ans de l’inauguration la statue du maréchal Bugeaud, que l’équipe municipale de Périgueux a dévoilé une plaque explicative dans la place centrale de la ville.
Ainsi, après Bordeaux en 2020, la Rochelle en 2022, c’est la 3e ville de la Nouvelle-Aquitaine à s’inspirer de la solution pédagogique et réparatrice, des symboles de l’histoire coloniale et de l’esclavage, que le réseau Mémoires & Partages propose depuis 2009 où nous avons lancé la Campagne nationale pour débaptiser les rues de négriers en France.
A Périgueux, c’est depuis 1853 que la statue du Maréchal Bugeaud, député de la Dordogne au XIXe siècle, trône sur une place de la ville qu’un collectif d’artistes avait détourné le 8 juillet 2020, à la suite du mouvement Black Lives Matter consécutif à la mort de l’afro-américain George Floyd, en installant une corda au cou du Maréchal et en invitant les passants « à tirer dessus pour faire tomber le monument.«
Les militants périgourdins faisant surtout référence au passé militaire du Maréchal en Algérie jalonné de massacres pendant la guerre d’indépendance durant laquelle Bugeaud pratique les politiques de la terre brûlée et des « enfumades » qui consistent à asphyxier des personnes réfugiées ou enfermées dans une grotte.
C’est ainsi entouré du conseil municipal et du politologue spécialiste de l’histoire coloniale, Olivier Le Cour Grandmaison, que Delphine Labails, maire de Périgueux a exprimé le sens de cette action de réparation : « 𝐹𝑎𝑐𝑒 𝑎̀ 𝑐𝑒 𝑐𝑜𝑛𝑠𝑡𝑎𝑡, 𝑑’𝑎𝑢𝑡𝑟𝑒𝑠 𝑎𝑢𝑟𝑎𝑖𝑒𝑛𝑡 𝑠𝑢̂𝑟𝑒𝑚𝑒𝑛𝑡 𝑑𝑒́𝑐𝑖𝑑𝑒́ 𝑑𝑒 𝑑𝑒́𝑏𝑜𝑢𝑙𝑜𝑛𝑛𝑒𝑟 𝑙𝑎 𝑠𝑡𝑎𝑡𝑢𝑒 𝑒𝑡 𝑑𝑒 𝑟𝑒𝑛𝑜𝑚𝑚𝑒𝑟 𝑙𝑎 𝑝𝑙𝑎𝑐𝑒. 𝑃𝑜𝑢𝑟 𝑚𝑎 𝑝𝑎𝑟𝑡, 𝑗𝑒 𝑝𝑟𝑒́𝑓𝑒̀𝑟𝑒 𝑒́𝑐𝑙𝑎𝑖𝑟𝑒𝑟 𝑙’𝐻𝑖𝑠𝑡𝑜𝑖𝑟𝑒, 𝑙𝑎 𝑟𝑒𝑔𝑎𝑟𝑑𝑒𝑟 𝑑𝑟𝑜𝑖𝑡 𝑑𝑎𝑛𝑠 𝑙𝑒𝑠 𝑦𝑒𝑢𝑥 𝑒𝑡 𝑐’𝑒𝑠𝑡 𝑙𝑎 𝑟𝑎𝑖𝑠𝑜𝑛 𝑝𝑜𝑢𝑟 𝑙𝑎𝑞𝑢𝑒𝑙𝑙𝑒 𝑗’𝑎𝑖 𝑐ℎ𝑜𝑖𝑠𝑖 𝑑’𝑖𝑛𝑠𝑡𝑎𝑙𝑙𝑒𝑟 𝑖𝑐𝑖 𝑚𝑒̂𝑚𝑒 𝑢𝑛 𝑝𝑎𝑛𝑛𝑒𝑎𝑢 𝑒𝑥𝑝𝑙𝑖𝑐𝑎𝑡𝑖𝑓 𝑒𝑡 𝑝𝑒́𝑑𝑎𝑔𝑜𝑔𝑖𝑞𝑢𝑒 𝑠𝑢𝑟 𝑙’ℎ𝑖𝑠𝑡𝑜𝑖𝑟𝑒 𝑑𝑒 𝑐𝑒 𝑙𝑖𝑒𝑢 𝑑’𝑎𝑏𝑜𝑟𝑑, 𝑠𝑢𝑟 𝑐𝑒𝑡𝑡𝑒 𝑠𝑡𝑎𝑡𝑢𝑒 𝑐𝑜𝑚𝑚𝑒 𝑜𝑏𝑗𝑒𝑡, 𝑒𝑡 𝑛𝑜𝑡𝑎𝑚𝑚𝑒𝑛𝑡 𝑐𝑜𝑚𝑚𝑒 𝑜𝑏𝑗𝑒𝑡 𝑑’𝑎𝑟𝑡 𝑒𝑡 𝑒𝑛𝑓𝑖𝑛 𝑠𝑢𝑟 𝑙𝑎 𝑏𝑖𝑜𝑔𝑟𝑎𝑝ℎ𝑖𝑒 𝑑𝑒 𝑇ℎ𝑜𝑚𝑎𝑠 𝑅𝑜𝑏𝑒𝑟𝑡 𝐵𝑢𝑔𝑒𝑎𝑢𝑑. 𝐴𝑓𝑖𝑛 𝑞𝑢𝑒 𝑐ℎ𝑎𝑐𝑢𝑛𝑒 𝑒𝑡 𝑐ℎ𝑎𝑐𝑢𝑛, 𝑒𝑛 𝑝𝑎𝑠𝑠𝑎𝑛𝑡 𝑖𝑐𝑖, 𝑝𝑢𝑖𝑠𝑠𝑒 𝑐𝑜𝑛𝑛𝑎𝑖̂𝑡𝑟𝑒, 𝑎𝑢 𝑟𝑒𝑔𝑎𝑟𝑑 𝑑𝑒 𝑓𝑎𝑖𝑡𝑠 𝑎𝑣𝑒́𝑟𝑒́𝑠, 𝑐𝑒𝑡𝑡𝑒 ℎ𝑖𝑠𝑡𝑜𝑖𝑟𝑒. »
Pour Karfa Diallo, fondateur-directeur de Mémoires & Partages, « Il faut saluer cette décision périgourdine car elle vient renforcer les initiatives de plus en plus nombreuses en Nouvelle-Aquitaine, mais aussi en France, tendant à rajouter du sens aux symboles problématiques de l’histoire sur l’espace public plutôt que de les débaptiser. Face aux tendances lourdes d’une meilleure équité de l’environnement des métropoles, cette inventivité permet de conserver une mémoire vigilante des barbaries du passé»
A signaler la parution aussi en Dordogne, après le « Guide du Paris colonial et sa banlieue » ou celui du « Bordeaux colonial et sa métropole » , d’un GUIDE DU PERIGUEUX COLONIAL à l’initiative d’une dizaine de militants culturels périgourdins des droits humains et de l’éducation populaire. aux Éditions Syllepse (10 euros).