MARTINIQUE – Devant le buste de Victor Schoelcher, dans la cour de l’Hotel de Ville, David Zobda, maire du Lamentin a ordonné ce samedi 29 mai aux services techniques de « déchouker » la statue de l’auteur du décret d’abolition de l’esclavage
Unanimement voté par les 39 élu.e.s du conseil municipal, c’est en 20 minutes, au son des tambours et minutieusement que les Lamentinois.e.s ont enlevé tous les signes du « Schoelcherisme » qui tronaient devant la municipalité. Cette première historique et politique dans l’histoire des Antilles et de la France rentre en résonnance directe au mouvement Black Lives Matter et à un malaise social et politique croissant en Martinique.
Si depuis le 22 aout 2020, successivement les statues de Victor Schoelcher, de Joséphine de Beauharnais et de Pierre Belain d’Esnambuc ont été « déchoukés » par des citoyens martiniquais.e.s, c’est bien la première fois aux Antilles mais aussi en France qu’un symbole aussi important de la république abolitionniste est déboulonné par une décision municipale et exécutée dans l’enceinte d’une institution française.
C’est entouré d’une importante foule que David Zobda a pris la parole pour donner le sens de cet acte historique présenté dans le cadre de la stratégie mémorielle communale de la ville du Lamentin, avec plus de 40 000 habitant.e.s, deuxième ville de la Martinique, après Fort de France.
« On nous a rogné tout ce qui était aux fondements de notre culture, le bélé, le tambour qui résonne ici, nous cherchions la justice sociale, l’égalité et la fraternité et cette loi a eu pour effet l’écrasement culturel et humain de notre peuple. A profit de quoi, au profit d’un complexe de peau et nous avons vécu dans ce complexe et dans cette infantilisation. La démysthification de l’abolition de l’esclavage est une nécessité car on a occulté que des martiniquais ont combattu l’esclavage. Aujourd’hui, il faut changer les choses…Nous avons donc encore un travail considérable à faire. Nous avons un être martiniquais qui vit sa schizophrénie de façon terrible…Nous devons reconstruire le paysage et l’espace public lamantinoire martiniquais et que nous devons y inscrire les symboles qui nous ressemblent, les héros qui sont les notres, les personnalités qui sont les notres, les savants, les chercheurs, les historiens, tous ceux qui y ont résisté. Et nous allons le faire aujourd’hui, c’est pourquoi je demande aux services techniques de se mettre en route » David Zobda, maire du Lamentin
En juillet 2020, Karfa Sira Diallo a été l’invité de la ville de Fort de France et a animé des rencontres autour de la question des déboulonnages de statues.