Le procès de la négresse de Biarritz qui réveille la mémoire esclavagiste et raciste du pays basque vient de remporter une deuxième victoire.
Après la relaxe de Karfa Sira Diallo prononcée par la justice le 14 janvier dernier, les gérants du célèbre Café du Negro de Bayonne viennent de décider le changement du nom de leur établissement qui devient « Kafe Beltza », « café noir » en basque.
En déplacement pour le Black History Month et pour installer une antenne à Bayonne, Mémoires & Partages a tenu à encourager les gérants du célèbre café basque qui vient de changer de nom.
C’est le Mercredi 17 février, que Mediabask informe du changement de nom de cette entreprise qui a pignon sur rue dans la capitale du pays basque depuis des décennies. Le café du Negro, entreprise familiale née en 1930, est devenu le Kafé Beltza. Une décision historique !
Pour le journal basque « l’affaire du quartier de « La Négresse » de Biarritz a relancé le débat autour du « racisme systématique » et l’entreprise bayonnaise s’est retrouvée malgré elle, au cœur de la polémique.»
Selon Iñaki Moraiz, un des gérants « Certains diront que j’ai cédé à la pression, d’autres trouveront cette décision juste. Je n’ai pas baissé les bras mais je le fais pour ma famille et mes employés…On sait tous pourquoi j’ai voulu changer mais personne ne veut le dire. Ce ne sont pas les habitués qui reprochent le nom mais des clients venus de Paris ou d’ailleurs et qui se disent choqués. Au départ, je me justifiais arguant qu’à l’époque de la création de la maison, c’était des arguments publicitaires courants qui n’avaient pas vocation à être péjoratifs ; c’était une époque… Je suis Basque et j’ai voulu le tourner à ma façon. C’était le moment de changer. À ceux qui me disent que je n’aurais pas dû céder, je leur réponds qu’ils n’avaient qu’à défendre le Café Negro ! »
Le logo, qui représentait une tête d’africain aux cheveux crépus, est remplacé par une tête où les grains de café font office de cheveux, est aujourd’hui agrémenté d’un béret.
En effet, pour Karfa Diallo, « ce nom n’était pas seulement un héritage toponymique mais, comme à Biarritz, des représentations caricaturales et stigmatisantes imprimées sur des voitures de livraison et les tasses de café servies aux clients. Nous félicitons les gérants du café et les encourageons à modifier aussi leur site web.»
Conscient de la nécessité de lutter contre le racisme systémique contenu dans le langage et les noms de rues, MEMOIRES & PARTAGES félicite les dirigeants de l’entreprise de cette décision respectueuse de l’évolution de la conscience collective. Et encourage les élu.e.s de Ville de Biarritz à s’inspirer de ce retour au nom basque de leur quartier pour que cesse le lynchage public des femmes noires dans la ville.
Pour faire justice face aux politiques nationalistes et xénophobes contemporaines, cette décision atteste de l’urgence pédagogique de briser l’amnésie collectivement entretenue sur l’histoire du racisme et son inscription sur les territoires urbains mais aussi provinciaux. Une opportunité de rappeler les principes républicains.
5 réponses
Bonjour,
Je trouve un peu malhonnête de prétendre que ce torréfacteur s’appelait « Café du Negro » alors qu’il s’appelait « Café Negro », ce qui en espagnol signifie café noir.
Grande victoire en effet de l’avoir rebaptisé en basque du même nom.
Chér.e ami.e,
Nous vous remercions pour votre intérêt.
Néanmoins, si nous avons soutenus que le café s’appelait « du négro », c’est que son gérant nous l’a dit et encore plus nous en a montré l’enseigne cachée à l’intérieur de l’établissement. La seule victoire, c’est celle du bon sens. Pour ceux qui, en français, ne savent faire la différence entre « noir » et « négro », nous ne pouvons rien faire!
Vous auriez la photo de l’enseigne ?
« Le p’tit blanc du toubab » si un café portant ce nom existe quelque part en Afrique qui ne le trouverais outrageant ? Alors, bravo au gérant du « Kafe Beltza » !
A quand le drapeau corse?