En marge de notre déplacement à Cotonou, Karfa Sira Diallo intervient sur le thème « Quelles articulations entre le tourisme mémoriel et la reconnaissance de l’esclavage ? Exemple d’un travail de mémoire de Bordeaux et Dakar ».
Ce colloque sur les mémoires de l’esclavage est co-organisé par l’Université d’Abomey-Calavi et Le Mans Université. Cette rencontre scientifique vise à promouvoir une approche comparatiste des mémoires relatives à l’esclavage, à partir du lieu historique de Ouidah sur la côte Est du Bénin, l’une des routes les plus tragiques de l’esclavage.
Il s’agira d’interroger les processus mémoriels de l’esclavage au Bénin et dans d’autres pays d’Afrique de l’Ouest comme le Ghana ou le Sénégal, et d’analyser les représentations de ce passé douloureux et tragique dans les arts contemporains, en l’occurrence la littérature, la photographie, les arts plastiques, les films, ainsi que les discours historiographiques qu’ils véhiculent.
Les représentations du « passage du milieu », des « esclavagisés » et des esclavagistes seront discutées à travers l’analyse de projets artistiques et d’œuvres littéraires (romans, récits de vie, autobiographie, biographie).
Les débats éthiques qui sous-tendent la construction de ce type d’images seront également étudiés, ainsi que l’impact de ces images traumatiques sur des générations entières des deux côtés de l’Atlantique, à travers la comparaison de documents datant de la période de l’esclavage au début du 21èmesiècle.
Le colloque intègrera des études sur la musique populaire et l’oralité à travers les contes ou les proverbes considérés comme des espaces de subversion, permettant aux populations dispersées de maintenir un lien avec le passé et de transmettre les traditions locales de leur lieu d’origine. Une approche comparative avec les cultures hispano-américaines par exemple permettra d’envisager les différentes politiques de mémorialisation (notamment la notion de « réparation ») et de croiser les regards sur l’Afrique, l’Amérique du Nord, l’Amérique du Sud et l’Europe.
Du National Museum of African American History and Culture (Washington) au Musée du Quai Branly (Paris), du Mémorial de l’abolition de l’esclavage (Nantes) à la Maison des esclaves (Ile de Gorée), du Musée du Noir (Rio de Janeiro) au Musée Ogier Fombrun (République d’Haïti), du Fort Zanzibar au Fort de Cape Coast (Ghana), à la porte de non-retour de Ouidah (Bénin) où le colloque se tiendra, les activités de médiation et de mise en scène muséales méritent d’être étudiées dans le contexte de la restitution des biens culturels volés à l’Afrique, décidée par la France.
Le Bénin fut le premier pays à en faire la demande et il est le premier à certainement récupérer environ dix-neuf premières œuvres d’art rendues par la France. Les démarches sont très avancées à cet effet.
Ce colloque international vise à construire une réflexion sur les imaginaires de l’esclavage façonnés par les textes et les images de l’époque coloniale à l’époque postcoloniale. Il s’agira aussi d’identifier les oublis de l’histoire de l’esclavage en interrogeant les processus mémoriels officiels et/ou populaires, à partir des lieux historiques, comme celui de la route des esclaves de Ouidah, au Bénin.
Une délégation de Mémoires & Partages est en déplacement au Bénin du 3 au 9 février. En amont du colloque, le 4 février, une étape du Black History Month se tiendra au Centre Culturel Artisttik Afrika de Cotonou, dans le cadre du 226e anniversaire de l’abolition de l’esclavage. Karfa Sira Diallo y animera une conférence aux cotés de Camille Amouro et Jean Lhérisson.
PROGRAMME DU COLLOQUE
Le programme complet du colloque ici : https://3lam.univ-lemans.fr/fr/agenda/toute-l-actualite/colloque-les-memoires-de-l-esclavage.html