LETTRE – Suite à son livre faisant d' »un descendant d’esclaves » le « tueur des chartrons Patrick Serres, président de M&P, écrit à la mairie de Bordeaux.
Ludovic Martinez a par la suite déclaré vouloir « l’oubli » de la traite des noirs et de l’esclavage.
Monsieur Ludovic MARTINEZ
Directeur de cabinet MAIRIE DE BORDEAUX
Place Pey Berland 33000 BORDEAUX
Objet: Demande d’explication
Monsieur,
Vous avez publié en février 2018 un ouvrage « le tueur des chartrons » aux Editions Edito.
Cet ouvrage porte sur la mémoire de l’esclavage des noirs. Votre « tueur » est un « descendant d’esclaves » qui assassine des descendants d’armateurs négriers.
Dans la grande et riche histoire du peuple bordelais, vous n’avez donc trouvé qu’ « un descendant d’esclaves » pour porter la double peine d’être non seulement originaire d’un peuple soumis à un crime contre l’humanité pendant plusieurs siècles mais aussi celui de criminel aux fins du roman policier que vous avez publié.
La liberté d’expression littéraire serait sauve si vous n’aviez pas enfoncé le clou en déclarant publiquement que vous étiez pour « l’oubli » de la traite des noirs et de leur esclavage.
Cette déclaration faite au Journal Sud-Ouest du 27 avril 2018 est inadmissible et scandaleuse au regard des fonctions que vous occupez à la mairie de Bordeaux depuis une dizaine d’années.
La ville de Bordeaux, en effet, est le deuxième port négrier français et surtout le premier port colonial. Il faudrait donc oublier les 150 000 africains déportés par les armateurs bordelais et les centaines de milliers de captifs mis en esclavage par les bordelais pendant au moins deux siècles.
Déclarés crimes contre l’humanité par l’Assemblée Nationale Française en 2001, la traite et l’esclavage des noirs font l’objet d’un devoir de mémoire pour toutes les collectivités locales mais aussi un travail de mémoire de la société civile pour en transmettre les enseignements.
Depuis plus d’un an, nous vous avons sollicité, par différents biais, pour avoir des précisions sur ces propos que nous sommes nombreux à qualifier de scandaleux et d’indignes des fonctions administratives et politiques que vous occupez à la mairie de Bordeaux.
J’ai donc l’obligation de vous demander des explications sur ces propos avant d’envisager les suites que nous pourrions leur apporter.
En espérant une suite favorable, recevez toute ma considération
Patrick SERRES Président