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RETOUR SUR – Le recours administratif contre l’appellation « la négresse » de Biarritz

Un article de France Bleu, en date du 19 juillet, prétend que le mystère du nom de quartier serait « en partie résolu », Mémoires & Partages en profite pour revenir sur la réalité d’une question que la justice administrative devra trancher prochainement.

Rappelons d’abord que les poursuites policières intentées par le commissaire Mathieu Valet, secrétaire national du syndicat indépendant des commissaires de police, contre le fondateur-directeur de Mémoires & Partages, Karfa Diallo, ont été classées sans suite par la justice française qui a prononcé une relaxe simple le 14 janvier dernier. La plainte pour violences policières de Karfa Diallo, victime d’un plaquage ventral et d’une garde à vue abusive, n’a toujours pas été étudiée par la justice.

Ce débat sur l’appellation raciste du quartier existe depuis de nombreuses années. Selon le fondateur-directeur de Mémoires & Partages, Karfa Diallo, « la conférence organisée par les Bask’Elles ce 19 juillet n’apporte rien de nouveau à ce que nous savions déjà. Nous avons publié plusieurs articles sur le sujet de la présence des noir.e.s dans le pays basque et y organisons une visite-guidée depuis quelques mois. Il est, en effet, de notoriété, que la femme qui a donné son nom à ce quartier était une femme noire, haïtienne, qui tenait un bar à Biarritz au début du 19e siècle. Elle ne pouvait qu’être déportée par ses « maitres » puisque la Police des noirs (instituée en 1776) obligeait à la déclaration et à la surveillance tous les esclaves qui rentraient sur le sol de France. Nos recherches n’ayant pas encore permis de retrouver son nom. Le Dictionnaire des noirs et des gens de couleur dans l’époque moderne de l’historien Erick Noel, véritable répertoire des entrées de noir.e.s en métropole, ne permettant pas de situer cette femme à Biarritz, elle a pu rentrer par un autre port négrier et ensuite convoyée vers Biarritz où le terrible sort de la servitude lui était réservé. »

D’abord porté par l’ancien conseiller municipal de Biarritz, Galery Gourret, ensuite par Virginie Sassoon, une enseignante qui avait dénoncé les caricaturales « fêtes de la négresse », ce débat a pris une tournure politique et médiatique lors du sommet du G7. Le 22 aout 2019, une délégation de Mémoires & Partages, a profité de ce sommet pour organiser une action de sensibilisation durement réprimée par la police française.

Cette interpellation policière, associée aux poursuites illégitimes intentées contre Karfa Diallo mais aussi à la prise de conscience de l’importance des symboles du racisme sur l’espace public, ont eu comme résultat une mobilisation grandissante et une action judiciaire intentée au tribunal administratif par notre avocat Me William Bourdon.

En espérant que le nom de cette femme soit retrouvé afin de l’honorer comme elle, son peuple et l’humanité le méritent, Patrick Serres, président de Mémoires & Partages, regrette que « cette association Bask’Elles qui veut faire sortir les femmes de l’ombre, se refuse à dénoncer l’appellation raciste du quartier tout en se servant de cette actualité pour faire connaitre leur cause »

Une réponse

  1. Il est regrettable, aujourd’hui, que beaucoup de féministes, et de tous bords, ne veuillent pas admettre ce qu’il est juste d’attaquer quant aux discriminations. Sans être le moins du monde « indigéniste », je suis d’accord avec M. Serres : négresse est avant tout une appellation raciste et c’est sur ce terme que doit porter tout le combat.

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