Mouvement d’éducation populaire à la mémoire partagée depuis 1998

BORDEAUX – BAYONNE – DAKAR – LA ROCHELLE – LE HAVRE – PARIS

Paul Lafargue: l’afro-bordelais est un des premiers socialistes de France

Avant les vagues migratoires du 20e siècle, Bordeaux accueille de nombreuses personnalités descendantes d’africains.

Né Pablo Lafargue  le 15 janvier 1842 à Santiago de Cuba, il descend de Jean Lafargue planteur qui, comme de nombreux bordelais du 18ème siècle est parti s’établir comme planteur à Saint-Domingue vers 1780. Métis, il se revendique « fils » de trois peuples opprimés.

Revenu à Bordeaux avec ses parents, il y fait ses études secondaires avant de s’inscrire en Médecine au Quartier latin à Paris en novembre 1861 où il commence à fréquenter les organisations socialistes.

Paul Lafargue est un des premiers afro-descendants socialistes de l’histoire de France. Sa rencontre avec Proudhon et la pensée marxiste va le radicaliser à tel point qu’il sera exclu de l’université pour avoir déclaré, au congrès international des étudiants, qu’il voulait faire disparaître le ruban tricolore français au profit du rouge.

Exilé à Londres, il y rencontre Friedrich Engels et Karl Marx dont il épouse la fille en 1868.

Devenu un des héraut du socialisme scientifique et membre de la Première Internationale dès 1866, Paul Lafargue rentre à Bordeaux pour soutenir la Commune de Paris en 1871. Poursuivi pour ses idées radicales, il fuit en fuit en Espagne où il fonde une section marxiste de la 1ère Internationale et participe à la création du Parti Socialiste Ouvrier Espagnol.

De retour à Bordeaux et en France, il crée, avec Jules Guesde, le Parti Ouvrier avant d’être accusé de « provocation au meurtre » et incarcéré à Lille 1891. Ce qui ne l’empêche pas d’en devenir le député la même année.

« Le grand problème de la production capitaliste n’est plus de trouver des producteurs et de décupler leurs forces mais de découvrir des consommateurs, d’exciter leurs appétits et de leur créer des besoins factices »

Paul Lafargue ne fut, cependant, jamais sectaire, il a notamment soutenu Dreyfus et oeuvré à l’union des socialistes avec la création de la SFIO en 1905. Il se suicide avec son épouse le 26 novembre 1911.

Oublié du combat socialiste, ignoré des afro-descendants africains, européens ou américains, ce n’est que dans les 1930 que le parti communiste le redécouvre, Lafargue qui est un véritable objet d’étude pour les historiens du socialisme. Lafargue est persuadé que l’organisation du travail, grâce au progrès de la science, viendrait à bout des égoismes et que les hommes partageraient les bienfaits de la nature.

En nous réappropriant son oeuvre et son engagement, c’est une certaine tradition de la gauche française que l’on redécouvre et qui, dans le contexte actuel fait écho à la crise de la gauche en Europe.

Il écrit plusieurs ouvrages dont : Le Droit à la paresse (1880), Cours d’économie sociale (1884), Le Communisme et l’Évolution économique (1892), Le Socialisme et la Conquête des pouvoirs publics (1899)

Karfa Sira Diallo, directeur de Mémoires & Partages

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *