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PAUL BROCA – Amorce de dialogue avec l’Université sur la controverse autour du scientifique bordelais

A la suite du plaidoyer engagé par notre association demandant que le nom de Paul Broca soit débaptisé de deux édifices de l’Université de Bordeaux, ce mardi 10 novembre une rencontre a réuni la présidence de l’Université de Bordeaux et une délégation de Mémoires & Partages.

Présidée par Antoine de Daruvar Vice-Président des Affaires institutionnelles, accompagné de Nathalie Sans, Directrice du département Bordeaux NeuroCampus et Marion Paoletti Chargée de mission parité, égalité et, diversité, cette réunion a permis un échange franc sur la problématique des honneurs encore rendus au neurobiologiste bordelais, Paul Broca.

Sont pointés, un amphithéâtre et le nouveau neurocampus de Bordeaux, tous deux affublés du nom de ce neuroscientifique mondialement reconnu dont les travaux de neuroanatomie ont contribué à une meilleure compréhension du système limbique et du rhinencéphale. Fondateur de l’École d’anthropologie de Paris, sénateur à vie et membre de l’Académie de médecine il a découvert « l’aire Broca » : la position du centre de la parole dans le cerveau.

Mais c’est surtout son soutien manifeste et son alimentation scientifique des thèses racistes et sexistes qui font que l’hommage rendu à cette personnalité interroge. En effet, Broca a défendu les thèses justifiant la domination raciale et sexiste en annonçant que la craniologie est en mesure de fournir des données précieuses sur la valeur intellectuelle des races humaines.

Patrick Serres, le président de l’association et Karfa Sira Diallo, directeur, ont présenté à leurs interlocuteurs les activités et positions de l’association en insistant sur l’action spécifique menée depuis 2009 sur les rues de négriers dans 4 villes de la façade atlantique : Bordeaux, La Rochelle, Nantes et Le Havre.

Nous avons expliqué le sens de cette action pédagogique et citoyenne qui s’inscrit sous le double aspect de la « non neutralité » de la signalétique urbaine et du respect des minorités victimes de discrimination, de racisme ou plus dramatique de crime contre l’humanité. Nous rappelons que nous ne souhaitons pas spécifiquement la « débaptisation » des stigmates encore visibles sur les édifices de nos cités, mais plutôt une pédagogie d’explication couplée à la nécessité de faire apparaître sans ambiguïté la face obscure de certains personnages historiques, dont Broca.  

Nous indiquons qu’à nos yeux ces questions liées à la discrimination et au racisme sont universelles et qu’elles ne sauraient se circonscrire dans des sphères restreintes (ville, quartier, secteur professionnel…) seules à même de déterminer leur dénomination, notamment lorsque ces dernières heurtent la conscience collective universelle.

Les représentants de l’Université ont admis que cette dénomination était « une maladresse » qui s’explique par une décision prise uniquement sur les apports scientifiques de Paul Broca et les évolutions qu’il a fait accomplir aux traitements de certaines pathologies liées au cerveau.      

Conscients de cette controverse liée au racisme et au sexisme, l’université a annoncé l’ouverture d’un débat dans la communauté scientifique bordelaise autour de ces dénominations litigieuses et de leurs implications socio-politiques.

Mémoires & Partages a pris acte de cet engagement et fait part de sa disposition à y contribuer.

Karfa Sira Diallo « Pour la première fois l’université bordelaise ouvre un dialogue sur les honneurs rendus au neuroscientifique Paul Broca dont certains travaux attestent d’erreurs scientifiques manifestes justifiant une idéologie raciste et sexiste. Je salue cette initiative d’ouverture qui témoigne de la nécessaire responsabilité mémorielle de l’institution universitaire et espère qu’elle permettra de réparer les violences symboliques que cette dénomination fait peser sur nos consciences »

Mémoires & Partages a indiqué également notre détermination à continuer la sensibilisation du grand public et des milieux universitaires, notamment les étudiants.

Une réponse

  1. Excellente nouvelle : le débat est donc lancé. Il conviendra juste de veiller à son suivi. Ce qui étonne, c’est que de grands esprits soient ainsi prisonniers des préjugés de leur culture et de leur époque. Ce qui m’attriste, c’est, que de nos jours, les mêmes types de parti-pris surgissent partout, plus nombreux et émis par des personnes de toutes couleurs et de toutes origines. Qui a dit que nous n’étions pas tous semblables nous les hommes ?

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