Mouvement d’éducation populaire à la mémoire partagée depuis 1998

BORDEAUX – BAYONNE – DAKAR – LA ROCHELLE – LE HAVRE – PARIS

BORDEAUX – Des Amérindiens débaptisent la Caravelle El Galéon (photos-vidéo)

HAPPENING- C’est le jour anniversaire de l’Indépendance du Brèsil (7 septembre 1822) et sur des barques que les activistes Améridiens et leurs hôtes français ont traversé la Garonne pour rejoindre la rive gauche de Bordeaux.

Avec la bénédiction du Cacique Raoni Metuktire et au nom des peuples Kayapo, Papou, Ponca, Tukano, Africains, Français, le navire espagnol, amarré sur les rives de Garonne depuis le 29 aout dernier, a fait l’objet d’une action de réinterprétation critique à l’occasion du festival Climax 2019.

Decolonize todos os territórios, decolonize a história, decolonize o pensamento para que a violência não se repita. Respeite os povos indígenas, nossos territórios, nossas culturas e nossa história!

A Bordeaux, dans l’ancien premier port colonial français, cette action, qui réveille la mémoire des vestiges français de l’histoire esclavagiste et raciste, ne peut laisser indifférente.

Contrairement aux centaines de curieux admiratifs qui n’y ont vu que du feu, les délégations Amérindiennes invitées au festival Climax ont, elles, vu rouge !

Le sang toujours frais dans la mémoire de ces Amérindiens pour qui, ce bateau dont l’œuvre, dans le cadre de la célèbre et funeste flotte des Indes, orgueil national de l’Espagne, est proposée en toute bonne foi à l’admiration des touristes du monde entier.

El Galéon, exacte réplique d´un galion espagnol qui parcourut du XVIe au XVIIe l´Amérique et les Philippines, construit en 2009-2010 par une fondation espagnole dont la politique de propagande d’une époque coloniale volontairement amnésique sur les massacres et les résistances amérindiennes est critiquée régulièrement.

Decolonize all territories, decolonize history, decolonize the thought so that violence does not repeat. Respect the indigenous peoples, our territories, our cultures and our history!

Parcourant les grands ports du monde entier comme un véritable outil de glorification de l’entreprise coloniale espagnole, ce bateau vante ainsi le mode de vie des conquérants dont l’héroïsme est entaché de violences furieuses et de massacres.

Cette poignée d’hommes qui s’est attribuée toute autorité sur des peuplades entières, ne s’est maintenu que par la force, les ravages et l’extermination.

A la fin du 18e siècle, l’empire espagnol aux Amériques dépasse 15 millions de kilomètres, 30 fois la métropole, et 20 millions de sujets essentiellement Améridiens et Afrodescendants. Pour son administration, ce territoire était subdivisé en 4 régions, vice-royautés du Mexique, Nouvelle-Grenade, Pérou et Buenos-Aires et 6 capitaineries générales : Puerto-Rico, La Havane, Guatemala, Caracas, Santiago de Chili et Manille.

Décoloniser tous les territoires, décoloniser l’histoire, décoloniser la pensée pour que la violence ne se reproduise plus. Respectez les peuples autochtones, nos territoires, nos cultures et notre histoire !

Pour Daiara Tukano, qui a pris la tête de cette action, revêtue des signes et des habits de son peuple, pagayant sur la barque vers la caravelle honnie :

« Cette « caravelle de Cortès qui représente pour les peuples autochtones de très mauvais souvenirs…Cette histoire est une histoire de tristesse, de génocide. Nous voulons passer un message différent. Un message pour tous les peuples du monde, que c’est important de décoloniser l’histoire, de respecter la diversité, de tous les territoires… lancer un message pour une autre histoire qui nous donne un avenir avec des forêts vivantes, des peuples vivants, des mémoires vivantes et comment être en équilibre avec le reste du monde… »

Faisons d’ailleurs le lien avec ce jour de l’Indépendance du Brésil qui, si elle survient le 7 septembre 1822, n’a libéré ni les peuples autochtones ni les peuples Afrodescendants. Le Brésil sera d’ailleurs le dernier pays occidental à abolir l’esclavage des noirs. C’est en 1888 que prend fin l’exploitation des africains sur ce territoire où l’esclavage colonial occidental des africains a été le plus massif et le plus durable.

A Bordeaux, 2e port négrier et 1er port colonial, port français qui a le plus profité de l’esclavage des Noirs où depuis 20 ans des associations se battent pour rebaptiser les rues de négriers qui ont pratiqué l’esclavage, cette action a été soutenue par l’association www.memoiresetpartages.com dont les bénévoles étaient présents.

En effet, ici à Bordeaux mais aussi à Nantes, La Rochelle et le Havre, de nombreux lieux honorent des personnalités qui ont été auteurs ou complices de la traite et de l’esclavage des noirs qualifiés de crime contre l’humanité par la loi française.

Un débat vif aussi à Bayonne où l’action de débaptiser, le quartier « La Négresse » lors du sommet du G7, a conduit à l’arrestation des militants par la police Française le 22 aout dernier. Convoqués au tribunal de Bayonne le 23 janvier 2020, ces militants entendent faire de cette réquisition #leprocesdelanegresse

LA VIDÉO DU HAPPENING

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *