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BORDEAUX – BAYONNE – DAKAR – LA ROCHELLE – LE HAVRE – PARIS

PATRICK SERRES – Combattre l’antiracisme sélectif, un devoir générationnel

TRIBUNE – Le président de Mémoires & Partages esquisse des pistes pour lutter efficacement contre le racisme.

Avec les nouvelles attaques antisémites de ces dernières semaines et les réactions légitimes qui s’élèvent nous sommes rappelés à une double réalité:

  • Le racisme reste un mal humain difficilement éradicable,
  • Les autres formes de racisme ne sont toujours pas graduées de la même ignominie que l’antisémitisme.

Concernant ce deuxième point:

Comment peut-on expliquer qu’une ministre de la République ne soit humiliée par une élue républicaine sans que des vagues déferlent dans les rues?

Comment peut-on expliquer qu’aucun des auteurs des propos ou gestes racistes à l’encontre des joueurs de football de couleur ne soient rattrapés par la loi, via les Préfectures en charge de la faire appliquer dans notre pays (des caméras de vidéo existent dans les stades)?

Comment peut-on expliquer que dans un certain nombre de villes de la façade atlantique des rues portent le nom d’anciens armateurs négriers, rappelons que notre signalétique urbaine honore les personnes dont le nom figure sur les plaques de rues, n’offusque guère ni nos concitoyens encore moins beaucoup de nos intellectuels et élus?

Comment peut-on expliquer qu’à Bordeaux en plus d’une vingtaine de ces rues nous honorions Paul BROCA, anthropologue et théoricien raciste et sexiste du début du 20ème siècle par une rue, un amphithéâtre à Bordeaux 1 et un centre de neurosciences (2017)?

Pour quelles raisons le racisme est-il segmenté et hiérarchisé et s’enflamme t-on spontanément et sainement lors d’actes antisémites sans pour autant voir les mêmes réactions vigilantes vis à vis des personnes de couleur?

Pour quelles raisons les contrôles au faciès récurrents de la part d’un certain nombre de membres des forces de l’ordre ne constituent-ils toujours pas des actes racistes?

Quelles motivations objectives et subjectives limitent les manifestations de soutien à ces actes, les participations aux quelques rassemblements dénonçant de tels actes?

Pour être véritablement efficace la lutte contre le racisme doit sortir de son carcan néo colonial et faire en sorte qu’aucune hiérarchisation ne puisse voir le jour face aux actes racistes dans leur diversité.

Quel combat mènent ceux qui veulent nous imposer cette vision historiquement erronée d’assimiler antisionisme et antisémitisme?

Les victimes des camps de l’horreur nazie doivent toutes être pleurées, honorées et mémoriellement partagées: qu’ils aient été juifs, roms, noirs, homosexuels, communistes, handicapés, ils faisaient tous partie de la race humaine!

Si nous voulons combattre sans répit l’antisémitisme, il nous faut commencer par combattre sans restriction ni frilosité toutes les composantes du racisme.

Il nous faut être vigilant et ferme et cesser de donner aux jeunes générations une image où le blanc s’avère encore, plusieurs siècles après une des pires tragédies de l’histoire humaine, celui qui s’arroge le droit de classifier et segmenter l’horreur et l’inhumanité.

Par delà nos origines, nos couleurs de peau, nos sensibilités sociales ou politiques nous devons combattre de la même manière TOUTES les formes de racisme.

Ainsi nous parviendrons à gonfler les rangs de celles et ceux qui feront évoluer le monde vers le TOUT MONDE.

Patrick SERRES

Président de Mémoires & Partages

Une réponse

  1. Merci, Monsieur le président, pour cette déclaration claire que nos autorités devraient lire pour comprendre qu’ils alimentent les ressentiments et les divisions dans la société française en montrant un zèle excessif à ne défendre que l’antisémitisme. Quand on se veut un artisan de la fraternité nationale, on prend soin d’éviter de marquer sa préférence pour un groupe.

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