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BORDEAUX COLONIAL – On a découvert les descendant.e.s de Fidèle, « l’ancêtre esclave… »

En ce 22 mai, journée martiniquaise de célébration des résistances contre l’esclavage et le racisme contre les noir.e.s, une étonnante découverte rapportée dans le Magazine du Monde de ce week-end.

Casimir Fidèle, un des dix-sept portraits de notre nouvelle exposition, Afrodescendant.e.s du Bordeaux colonial, réalisée par Karfa Diallo et  présentée au Mémorial de l’Hôtel de Ville depuis le 7 mai 2021 dans le cadre des 20 ans de la loi Taubira.

Grace aux recherches de l’archiviste Julie Duprat, le Magazine M du Monde a publié, ce week-end, les témoignages des descendant.e.s de Casimir Fidèle retrouvés en région parisienne.

Né en 1748 sur la côte de guinée, actuel Sierra-Léone, Casimir Fidèle est d’abord déporté à Saint-domingue, puis transporté à Nantes où, à 8 ans, il est baptisé en 1756, par son premier propriétaire : le sieur mary, capitaine de navire négrier armé par Epivent de la Villeboisnet, négociant nantais connu.

Selon l’archiviste Julie Duprat, « présences noires à bordeaux : passage et intégration 1763-1792 », envoyé en formation dans la réputée communauté des artisans traiteurs-patissiers-rotisseurs, Casimir Fidèle est le premier esclave à devenir apprenti d’une telle institution reconnue par le pouvoir royal où jusque-là seuls les « libres de couleur » y étaient admis. Diplômé en 1777, c’est un homme alphabétisé et sachant compter qui se fait affranchir à l’issue de sa formation et officie en tant que « le sieur fidèle, traiteur de paris » dans la famille soissons à bordeaux. Titre qu’on lui reconnait en métropole, alors que dans les colonies, il était interdit aux « libres de couleur ».

A son apprentissage parisien, il rajoute son expérience des Antilles qui lui permet de savoir accommoder les produits venus des îles à ses recettes : épices, café, sucre, chocolat, etc.

Représentant d’une cuisine nouvelle, à 31 ans, Casimir Fidèle devient le cuisinier d’un des plus beaux hôtels de bordeaux au 18e siècle : l’Hôtel de l’Empereur sur le cours Tourny (actuel cours Clémenceau) qui tient ce nom de la visite qu’y fit l’empereur joseph II d’Autriche en 1777.

Marié à une veuve du limousin et père d’un petit garçon, les affaires marchent puisque casimir réalise de substantiels bénéfices qui lui permettent d’acquérir des propriétés et de jouer un rôle important dans la communauté afrodescendante de l’époque. Malheureusement, au début de la révolution, un incendie ravage son hôtel et de nombreux notables fuient la ville, l’obligeant à céder une partie de ses biens. il reste cependant à la tête de l’établissement jusqu’en 1796, année de sa mort à paris.

Dans l’article publié dans le Magazine M du Monde, sous la plume de Nina Jackowski, des descendant.e.s de ce noir, réputé dans le Bordeaux du 18e siècle, témoignent de leurs propres recherches généalogiques et de leur rapport à cette mémoire encore douloureuse.

Pour Karfa Diallo, fondateur-directeur de Mémoires & Partages, « C’est la première fois que nous avons un témoignage aussi précis et documenté de descendant.e.s de ce peuple noir qui a vécu dans le Bordeaux négrier du 18e siècle. Et que ses héritièr.e.s expriment leur rapport à ce crime contre l’humanité, et à la racialisation de cette migration forcée à laquelle des centaines de milliers d’afrodescendants ont été soumis, montrent l’évolution des consciences et surtout la libération d’une parole nécessaire. Et c’est tout le mérite des jeunes chercheur.e.s français.e.s plus audacieux que leurs ainé.e.s… »

Archiviste paléographe, Julie Duprat a publié en 2017 sa thèse Présences noires à Bordeaux : passage et intégration (1763-1792) à l’École nationale des chartes.

Aussitôt repérée par Karfa Diallo, elle est invitée au cinéma Utopia de Bordeaux le 28 octobre 2017 où elle tient une conférence Les Affranchis à Bordeaux au temps de la traite. En 2018, Julie Duprat sera ainsi la conseillère éditoriale de notre 5e parcours des visites-guidées du Bordeaux négre, Les Affranchis,  dans le cadre des 20 ans de l’association Mémoires & Partages.

Elle anime un blog Noire métropole (hypotheses.org) et poursuit ses recherches. Sa thèse sera publiée en Octobre 2021 aux Editions Mollat.

VIDÉO DE JULIE DUPRAT RÉALISÉE LE 29 OCTOBRE 2017

PANNEAU CONSACRÉ A CASIMIR FIDÈLE DANS L’EXPOSITION AFRODESCENDANT.E.S DU BORDEAUX COLONIAL

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